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Ivsan Otets

HIVER 2014

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En bref : Voici encore un sujet brûlant que traite Ivsan Otets. Et c’est sur la même crête de réflexion qu’il nous conduit : entre la pensée magique et la pensée logique. Ce sont précisément les deux armes principales du diabolique. Néanmoins, nous dit l’auteur, l’instrument de prédilection du malin est la Logique. Tout n’a-t-il pas commencé au pied de cet arbre, arbre de la mort, arbre du Bien et du Mal ?

Certainement, le diabolique existe… mais le Diable, c’est une autre affaire. C’est-à-dire que la véritable question est bien celle de la nature de ce « personnage » dont l’animation imaginaire a fait la joie des pécheurs comme des vertueux. Qui est-il ? Et comment se fait-il que l’existence de Dieu ne puisse plus tenir dès l’instant où le Diable se mettrait à perdre cette identité personnelle d’Ange déchu que la théologie chrétienne a si soigneusement développée ? Et enfin, que fait l’Homme dans cette histoire ? Quelle est sa part ? Et si l’homme, finalement, était ce fameux Diable ?

Cet homme qui précisément ne cesse de transférer ses fautes sur un être imaginaire haut en couleurs. Cet homme-raté. cet homme qui se refuse à devenir un Fils de l’homme. Cet homme si bien équipé des armes aiguisées de la raison ; cet homme tellement capable de formuler le Bien et le Mal en de multiples lois et catégories… Cet homme-là ressemble étrangement au Serpent de l’Éden qui s’accrochait déjà à l’arbre du bien et du mal comme à la vie !

La conversion
du diable

extrait

PAGE 1

Je ne crois pas au diable communément présenté par le christianisme. Ce diable que la théologie ecclésiale nous propose comme une créature angélique pourvue d’une réelle individualité aussi libre et sensitive que la nôtre. Cet être vivant à qui un Dieu tout aussi étrange laisserait la pétulance de la vie et les joies de la liberté. Ce diable dont on se sert pour effrayer l’enfant, jusqu’au traumatisme s’il est possible, et qui, s’il n’était plus ce personnage libre et vivant dont parle l’Église, entraînerait du même coup la foi en Dieu à s’effondrer.

PAGE 17-18

Le Christ lui-même associe d’ailleurs très clairement l’identité du diable avec celle de l’homme. Ainsi donc, le voyons-nous crier à ses disciples encore immatures : « Arrière de moi, le satan ! tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes » (marc 833). Aux dires du Fils de l’homme, le diabolique se reconnaît donc par le fait qu’il « pense humainement ». Précisément ce que viennent de faire ses disciples. En effet, ceux-ci s’offusquent quand le Christ leur apprend qu’il souffrira, sera mis à mort, puis qu’il ressuscitera (31). Et aussitôt ils lui font des reproches, lui rappelant probablement l’enseignement rabbinique appris dès leur enfance (32). Car ce que le Nazaréen vient de leur dire ne colle absolument pas avec l’idéologie du Roi-messie victorieux en laquelle ils croient. Or, d’où leur vient cette doctrine messianique ? Où l’ont-ils puisée ? Fort simplement dans une interprétation du texte biblique venue de la tradition théologique. Car les théologiens d’alors avaient aussi distendu à l’extrême leur lecture biblique, et comme les docteurs du christianisme ils étaient parvenus à convaincre tout le monde que leur herméneutique émanait du ciel. Les disciples ne faisaient donc que répéter la « vérité » de ces derniers, de même que font aujourd’hui les « chrétiens » en prophétisant un gouvernement messianique et l’avènement de son royaume des cieux – sur Terre ! En réalité ce ne sont que des « pensées humaines » leur répond le Christ, un processus intellectuel ; c’est pourquoi il qualifie leur position de phénomène satanique. Le satan est bien cet homme intelligent et gonflé d’enthousiasme pour ses théories dont il se convainc qu’elles sont scellées par la Vérité ; qu’elles ont le sceau du divin. Il préférerait même juger Dieu plutôt que de les mettre en question. Assurément, le satan condamnera Dieu pour hérésie parce qu’il a voulu détruire le saint Temple des dogmes sacrés. Enfin, il vous répondra très sincèrement que mettre en question le dogme du bien et du mal est tout simplement l’œuvre du Diable.