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mercredi 10 juillet 2013

Sola Fide

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Lev Chestov

1911-1914

pdf 8,90 € 

pdf de 223 pages
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Informations : Akklésia vous propose ce PDF entièrement francisé. Vous pourrez imprimer ce document via une imprimante de bureau puis le relier pour un confort de lecture.

Léon Chestov écrivit cet ouvrage entre 1911 et 1914, en Suisse, et la Faculté de Théologie Protestante de l’Université de Strasbourg sut alors reconnaître la pertinence du propos puisqu’elle le publia en 1957 aux Presses Universitaires de France.

C’est cette publication que nous avons ici remise en page, en nous efforçant de la rendre entièrement accessible aux lecteurs ne maîtrisant que le français. Toutes les citations latines sont traduites, ainsi que tout autre partie du texte que l’auteur a laissé dans sa langue d’origine, grecque ou allemande.


Retrouvez également la pensée de Léon Chestov dans une sélection d’aphorismes disponibles en pdf :

trackback  Page d’Aphorismes choisis.

Sola Fide,
Luther et l’Église

extrait

Présenté par Ivsan Otets

Chestov fait ici une synthèse du « nœud millénaire » que le monde religieux a tissé au cours des siècles, tant le catholicisme que le protestantisme. En effet, l’éthique et la raison ont toujours « illuminé » la foi pour mieux l’altérer et la figer. Depuis l’Antiquité des Platon jusqu’aux Christianismes du 20e siècle, en passant par saint Augustin, le Moyen Âge de Thomas d’Aquin et de remarquables penseurs tels que Spinoza… les philosophies et les églises, dans un accord commun très étrange, ont été incapables de laisser la foi « seule » — libre des entraves et des nécessités que la raison impose.

Mais le Sola Fide de Chestov ne fut pas entendu pour une autre raison majeure : Parce que l’auteur nous y dévoile « deux Luther » — et celui qui l’intéresse n’a jamais plu, tant aux protestants qu’aux catholiques ! En effet, nous dit Chestov :

« C’est une erreur de porter notre jugement sur Luther en partant du protestantisme. Celui-ci, en effet, a déjà son organisation, son passé, ses bases et ses traditions, tandis que la crise de Luther est caractérisée justement par son détachement des traditions, par l’écroulement des fondements millénaires qui l’avaient soutenu. Nous serons seulement pleinement d’accord avec les catholiques qui affirment que le luthéranisme a renié Luther et que, dans son essence, il est revenu vers le catholicisme ; nous dirons même que Luther a dû renier sa propre expérience spirituelle, dès qu’il eut à la formuler et à la transformer en une doctrine. C’est dans cette transformation, qui peut paraître paradoxale, qu’il faut chercher le profond mystère de toute œuvre religieuse. » (104)

Qu’est-ce que Léon Chestov a bien pu voir pour affirmer une telle chose ? Qu’on ne se trompe pas ici, car si Chestov est un excellent penseur, ce qu’il a vu n’est ni alambiqué ni ésotérique, bien au contraire, c’est fort simple, trop simple même — car, ce qui est simple a l’avantage de pouvoir être profond parce que léger. Mais laissons-le nous en faire lui-même l’ébauche par cet autre passage :

« Luther prêchait que l’homme était justifié par la foi seule. C’est le petit mot “sola” qui a creusé l’abîme entre lui et le catholicisme, et c’est précisément ce petit mot qui a complètement disparu de la doctrine protestante… » (122)

« Dans la vie pratique, non seulement les protestants, mais Luther lui-même ne savait que faire de sa doctrine de “sola fide (par la foi seule)”. Dans la solitude, les yeux tournés vers l’infini, il sentait que seule la foi comptait, qu’elle seule donnait les forces, l’espérance et apportait même la consolation. Mais dès qu’il se tournait vers les hommes, il s’apercevait que les catholiques avaient raison : la foi effraye, les hommes ont besoin d’une autorité ferme, implacable, à pouvoirs illimités, toujours fidèle à elle-même. En de tels moments, Luther se mettait à parler un tout autre langage — comme s’il ne s’était jamais approché du mont Sinaï, comme si jamais il n’avait entendu la voix divine résonner dans la tempête. Pareil à la femme de Lot, il se changeait en statue de sel. L’histoire ne parle guère de Luther-Prophète. Elle n’a que faire des prophètes : ils sont tout juste bons pour être lapidés, comme le veut leur destin. L’histoire a besoin de réformateurs, d’hommes capables de regarder autour d’eux et d’escompter les conséquences pratiques de leurs entreprises. C’est Luther-réformateur qui compte aux yeux de l’histoire, celui dont les Allemands ont inscrit le nom en lettres d’or à côté de ceux des grands ouvriers de la Renaissance germanique. Quant à l’autre aspect de la pensée et de l’expérience luthériennes, les protestants qui sont aussi hostiles au vrai Luther que les catholiques, ont pris soin de bien le cacher et le camoufler. » (121)

En choisissant comme titre « Luther et l’Église », Léon Chestov fait un condensé très exact du problème réel auquel se rattache le Sola Fide (par la foi seule) de Luther. Mais il ne fut pas le seul à voir que le nœud du problème est ici plus que partout ailleurs, même les catholiques ont mieux discerné ce fait que la tradition protestante, comme nous le fait remarquer ici le philosophe russe :

« L’éminent théologien catholique Albert Maria Weiss le dit en toutes lettres : « Ce qui sépare les disciples authentiques de Luther des catholiques, ce n’est pas une quantité plus ou moins grande de formules dogmatiques isolées, c’est le rejet total et fondamental de l’Église en tant qu’autorité. » (105)

Ce qui était vrai hier pour le catholicisme ne l’est-il pas aujourd’hui tout autant pour le protestantisme ? Ce dernier n’est-il pas devenu un succédané de catholicisme ? Faut-il en venir à la conclusion suivante de Léon Chestov :

« Ce que tous les hommes durant des dizaines des siècles considéraient comme la citadelle la plus sûre de la foi, se révélait être le repaire de la plus terrible et dangereuse incroyance. (…) Cette Église qui proclamait pendant des millénaires et qui proclame encore qu’en dehors d’elle, il n’y a point de salut aurait conduit droit à la perdition des centaines de millions, des milliards d’hommes, pleins de confiance. Dans quel monde horrible vivons-nous, si nous pouvons devenir les victimes de mensonges aussi effroyables ! » (9)

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mercredi 26 juin 2013

Confins de la vie

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Lev Chestov

1927

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Informations : Un ouvrage peu connu de Chestov et pourtant tout aussi riche que ses autres écrits. Il est ici entièrement accessible aux lecteurs français puisque toutes les citations grecques et latines ont été traduites. Le philosophe nous offre un ensemble de 168 aphorismes en plus de l’appendice ; une lecture à la volée en quelque sorte et qui ne manque pas le but visé : exalter « le déracinement ». Chestov avait d'ailleurs sous-titré l'ouvrage : « L’apothéose du déracinement ».

· [ Pdf relu et corrigé en octobre 2016 ] ·


Retrouvez également la pensée de Léon Chestov dans une sélection d’aphorismes disponibles en pdf :

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Sur les confins
de la vie

extrait

Aphorisme 17, p. 119 & Aphorisme 71, p. 45-46

Depuis que Kant est parvenu à convaincre les gens savants que le monde des phénomènes est quelque chose de tout différent de la vraie réalité, et que même notre propre existence n’est pas une existence réelle mais la manifestation d’une substance inconnue, mystérieuse, la philosophie se trouve engagée dans une ornière profonde et se sent incapable de s’écarter ne fût-ce que d’un millimètre, de la route indiquée par le sage de Kœnigsberg. On peut aller en avant ; on peut retourner en arrière, mais toujours en restant dans l’ornière Kantienne, car comment sortir de l’opposition entre le phénomène et la chose en soi ? Cette thèse demeurant immuable, qu’on le veuille ou non il faut bien passer sa tête dans le collier de la théorie de la connaissance. C’est précisément ainsi qu’agissent sans protester la plupart des philosophes modernes, et même avec un sourire de joie, ce qui fait naître le soupçon qu’ils n’ont en somme besoin que de ce collier et que lorsqu’ils parlent de leur besoin métaphysique, c’est au collier qu’ils aspirent. Car s’il en était autrement, ils devraient protester et se cabrer rien qu’à la seule vue du collier. L’opposition entre le monde des phénomènes et la chose en soi, nous est en effet offerte par la raison ; et c’est aussi la raison qui nous propose la théorie de la connaissance fondée sur cette opposition. Les esprits libres ont donc tous les motifs de se cabrer et de se refuser à marcher. On sait qu’il faut être extrêmement prudent avec le diable : il lui suffit de vous saisir par le bout du doigt pour s’emparer entièrement de vous ensuite. Il en est de même de la raison : cédez-lui ne fût-ce que sur un seul point, admettez ne fût-ce qu’une prémisse, et aussitôt « finita la comoedia ! » Vous ne parviendrez jamais à vous débarrasser d’elle et serez obligés tôt ou tard de reconnaître ses souverains droits… (Partie II, aphorisme 17, p. 119).

Si un homme était venu voir Dostoïewsky pour lui dire qu’il était infiniment malheureux et n’avait plus aucun espoir, le grand peintre des douleurs humaines aurait bien ri probablement dans le fond de son âme de la naïveté de son visiteur. Peut-on avouer de telles choses ? Peut-on se plaindre ainsi et cependant attendre quelque consolation de son prochain ? L’instant où tous nos espoirs nous abandonnent est l’instant suprême, l’instant le plus solennel de notre existence. Jusqu’ici on nous aidait, dorénavant nous serons livrés à nous-mêmes. Jusqu’ici nous avions affaire aux hommes et aux lois humaines, maintenant nous nous trouvons en face de l’éternité, de l’absence de toute loi. Comment peut-on ne pas savoir cela ! (Partie I, aphorisme 71, p. 45-46).

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mercredi 16 janvier 2013

Révélations de la mort

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Lev Chestov

1923

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Informations : Entièrement accessible aux lecteurs français ! Toutes les citations grecques et latines ont été traduites et référencées. Un livre qui relève le défi de la pensée existentielle de façon surprenante. On ne sort pas indemne de sa lecture.


Retrouvez également la pensée de Léon Chestov dans une sélection d’aphorismes disponibles en pdf :

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Les Révélations
de la mort

extrait

Pages 41 et 87

Les lois naturelles et leur immuabilité, les vérités et leurs évidences ne sont peut-être qu’une suggestion, une suggestion pareille à celle que subit un coq, si l’on trace autour de lui un trait à la craie. Le coq ne pourra sortir de ce cercle, comme s’il s’agissait d’un mur et non d’une ligne. Si le coq savait raisonner et exprimer ses pensées en paroles, il aurait créé une théorie de la connaissance, disserterait sur les évidences et considérerait le trait de craie comme la limite de l’expérience possible. Il faut donc lutter contre les principes de la connaissance scientifique, non plus au moyen d’arguments, mais en employant d’autres armes. Les arguments pouvaient servir tant que nous admettions les prémisses dont ils découlaient, mais puisque nous n’y croyons plus, il faut chercher autre chose. (p. 41)

On pourrait dire de même que pas un parmi les savants influents (historiens, botanistes, géologues) ne se contente de citer des faits, mais que tous se réfèrent à l’autorité de la raison. Même Jésus, pour se faire entendre, se voyait obligé d’invoquer l’Écriture ; les premiers chrétiens et Luther étaient dans l’obligation d’agir de même. Si l’historien Harnack avait parlé ainsi, le fait qu’il signale aurait acquis une toute autre signification. Il serait alors apparu brusquement que les hommes n’ont jamais pu admettre la foi de Jésus, ni même celle de Luther, qu’il est impossible d’enseigner la foi, que la foi ne peut agir, c’est-à-dire déterminer les événements historiques, que ce que les hommes, la conscience commune appellent « foi puissante » ne ressemble aucunement à cette foi que possédaient Jésus et même Luther, mais se réduit à un ensemble de règles, de principes, auxquels tous obéissent et que tous vénèrent parce que personne ne sait d’où ils proviennent, et, qu’enfin, les hommes n’ont nullement besoin de cette foi, mais qu’ils aspirent à l’autorité et à l’ordre, lequel ordre apparaît d’autant plus immuable que son origine est incompréhensible. Ainsi les hommes croient à la raison, à la science, et considèrent que le châtiment ne menace que ceux qui méprisent la raison et la science. (p. 87)

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