Vous retrouverez sur la page de présentation de l’auteur deux documents sonores dans lesquels on peut entendre Jacques ELLUL s’exprimer sur des sujets divers :
Il existe un certain protestantisme, tant en Europe que sur d’autres continents, addict et totalement envoûté par la prédication évangélique américaine. C’est une attitude fort inquiétante. Elle me rappelle d’ailleurs étrangement la propagande servant à décrire les faits historiques de la Seconde Guerre mondiale. En effet, on nous enseigne depuis notre enfance que l’Amérique, tel un sauveur, aurait débarrassé l’Europe du nazisme. Nous savons pourtant que tout comme la France, l’Italie ou l’Angleterre, les pertes totales américaines furent d’environ un demi-million d’hommes. À côté de cela, la Russie perdit plus de 20 millions des siens à des milliers de kilomètres du débarquement de Normandie tant médiatisé par l’Histoire. Tandis que des millions d’hommes et de femmes slaves étaient sacrifiés dans une sorte d’incognito, pour ne pas dire de mépris aux yeux de l’Européen moyen pour qui la victoire ne devait se chanter qu’en américain, le peuple russe terrassait néanmoins à lui seul Hitler, préparant ainsi sa défaite définitive en Europe.
Mais la propagande fit admirablement bien son travail. L’Europe se tourna ébahie vers l’Ouest, encensant l’Amérique comme un héros. Elle s’ouvre depuis lors à son mode de vie, bouche bée, se nourrissant de tous ses messages et accueillant sur tapis rouge ses messagers. C’est ce même aveuglement qui pèse, telle une ombre, sur l’esprit d’une certaine chrétienté de nos jours. On se tourne vers l’Ouest comme si là-bas le christianisme possédait à lui seul les secrets de la victoire évangélique ; comme si Dieu avait exclusivement pourvu les ekklèsias made in USA d’une force spirituelle capable de vaincre les ennemis de l’humanité. Le christianisme outre-Atlantique est regardé avec naïveté et une quasi-idolâtrie comme un modèle d’excellence. N’est-il pas le premier à atteindre le but final de ce messianisme qu’on prétend être parfaitement fidèle au Christ ? À savoir que la chrétienté se doit de régner politiquement !
Dans son documentaire, Dieu protège l’Amérique, David Van Taylor nous relate l’élection de Richard Nixon. Le nouveau Président tout juste élu se présente devant la foule exaltée de ses fidèles bardée de la clique habituelle des journalistes ; et à ses côtés, sur le podium, le sourire en bouche couronné d'un regard de faucon, se tient Billy Graham. Le prédicateur religieux reçoit alors le micro et se lance aussitôt dans un discours à la phraséologie digne de l’Ancien Testament : « Ô Seigneur, nous sacrons Richard Milhous Nixon président des États-Unis, au nom du Prince de la Paix qui a versé son sang sur la croix pour que les hommes aient la vie éternelle, amen. » Nixon vécut alors une extase à nulle autre pareille. Imaginez ! Être ni plus ni moins directement sacré roi par Dieu lui-même via la bouche d’un de ses plus prestigieux évangélistes. L’un et l’autre sont alors convaincus d’être en mission divine ; ils dirigeront la Nation la plus puissante au Monde pour encore une fois sauver ce dernier de l’envahisseur qui le dévore.
Le vieux Pape romain de la vieille Europe est à terre avec son urbi et orbi, avec son « à la ville et au monde ». Quant au Pape du protestantisme, Billy Graham, le voici en train d’élever l’urbi et orbi à la hauteur des espérances divines. L’onction a certes changé de main, mais Billy Graham est néanmoins le digne fils de l’Évêque de Rome ; car comme lui, il vise aussi le règne politique et s’adresse avec grandiloquence à la ville et au monde. Le prédicateur américain, bien plus pragmatique, a cependant largement dépassé son père. Abandonnant le vieux costume liturgique, il s’est revêtu d’un complet coupé par les meilleurs tailleurs, étudia l’économie moderne, les mécanismes de Mammon, puis s’immisca enfin dans le cercle très fermé des pouvoirs obscurs de la politique. Il serre désormais la main des exousia, des « autorités » ; là, sur la plus haute marche de leurs gloires. Quant au Christ ? Il fit l’exact inverse puisqu’il renia les autorités et les humilia publiquement (cf. col 215). Le Christ jeta à terre leurs couronnes, criant au monde et à la ville : « Mon royaume n’est pas de ce monde, mon royaume n’est pas d’ici-bas » (cf. jn 1836). Assurément, le Christ n’était pas sur l’estrade avec Billy Graham et Richard Nixon ; il était absent d’un tel lieu. Il faudra bien que le prêcheur américain rende un jour compte de s’être ainsi saisi du nom du fils de Dieu pour bâtir ses fantasmes humains et y avoir plongé de surcroît tant de foules crédules qui l’écoutèrent.
Devant un tel dévoiement de l’Évangile, la pensée de Chesterton me vient aussitôt à l’esprit : « Le monde est plein d’idées chrétiennes devenues folles. » Le règne politique du christianisme est simplement le mélange tragique et pathétique du Judaïsme avec l’Évangile. C’est Pierre qui, balbutiant d’effroi lors de la transfiguration, se met à dire n’importe quoi : « Dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie » (marc 95). C’est ce vieux geste craintif d’un christianisme infantile qui veut coudre la Foi à la Loi. C’est-à-dire rendre Dieu tangible ; mêler le Christ à une théocratie venue de la Loi ; l’obliger, tel que tentèrent de le faire les pharisiens et la foule, à ce qu’il accepte le couronnement politique. Fort heureusement, le Nazaréen préféra la croix et l’incognito de la résurrection. Le Christ ne veut pas régner sur les hommes ! Il veut changer leur nature si profondément que chaque-Un règne sur sa propre réalité ; qu’il soit roi sur son propre royaume : qu’il soit sans Dieu ni maître. Le Christ se donne comme Père, et il est lui-même le Père qui se sacrifie pour ses fils ; mais jamais son but final n’est de se donner comme Dieu Tout-Puissant à des fils qui ne pourraient s’approcher de lui qu’à genoux. Il a en vue leur pleine liberté. Il veut les faire passer du statut de créature soumise au Créateur à la dignité de fils portant la nature de leur Père. La différence est radicalement différente ; c’est une véritable cassure avec la théologie de la Thora et de ses morales sociales. Un divorce sans retour avec cette ardeur qu’a l’Ancien Testament à être politiquement reçu et à régner sur les hommes.
Billy Graham, « Pasteur des puissants » : une vie bien remplie.
Mais Billy Graham n’a-t-il pas prêché l’Évangile, me dira-t-on ? N’a-t-il pas conduit au Christ de nombreuses personnes ? N’en soyons pas si sûrs. Il est aisé de procéder à des conversions intellectuelles ou morales, lesquelles sont le propre des conversions politiques somme toute. On suggère à l’autre des convictions par le levier envoûtant d’un orateur de talent et de son directeur de campagne, expert en propagande. On apprend à manipuler tels ou tels valeurs et mécanismes agissant sur la psychologie humaine ; de telle sorte qu’on acquiert sur l’autre assez de pouvoir pour qu’il se saisisse du bulletin de vote qu’on veut le voir utiliser. Ainsi fait-on régner telle autorité sur son prochain en lui faisant accroire qu’il l’a librement choisie. En vérité, il n’y a élection ni d’un côté ni de l’autre. Il n’y a ici qu’une manipulation morale et intellectuelle qui n’a absolument rien de spirituel !
De fait, il est aisé de confondre une conversion de la conscience à tel schéma de pensée du bien et du mal avec la naissance spirituelle qui précisément échappe à tous les schémas du bien et du mal. En effet, l’Esprit agit tout autrement. Il vient littéralement déchirer l’individu ; il le rend fou. Il fait justement en sorte que l’argutie intellectuelle ou morale ne tienne plus ; qu’elles n’offrent plus d’échappatoire à celui pour qui n’existe d’autre espoir qu’une intervention totalement gratuite, miraculeuse et déraisonnable de Dieu. Et cela, dans un face à face intime et personnel entre l’homme et le ciel. L’intervention de l’Esprit est au-delà du bien et au-delà du mal ; au-delà de toute raison, de toute logique, de toute théologie et de toute justice. Il est question pour l’Esprit de la Justice du Royaume des cieux, laquelle n’a été vue par aucun œil, saisie par aucune intelligence, expérimentée par aucun sentiment. Cette justice contre-Thora qui fait naître l’homme à Dieu ne peut être appréhendée humainement. Il faut un acte absolument gracieux de la part du Christ pour que soudain s’ouvre à l’homme ce tout-nouveau qu’il n’a jamais auparavant imaginé ; ce tout-nouveau qu’il ne peut désormais embrasser et faire sien que par la Foi seule.
Mais que font les prédicateurs armés de principes à la Billy Graham ? Ils s’équipent d’un charisme humain qu’ils auréolent d’une morale des sages, puis ils forgent ensuite ce caractère humaniste dans l’excellence d’une préparation théologique adéquate. Enfin, ils l’enveloppent d’une esthétique travaillée aux petits oignons. Le tout est, pour finir, soigneusement introduit dans un spectacle de masse où l’effet médiatique finit par convaincre à peu près n’importe qui de l’extraordinaire du moment. Fiers de leur œuvre, ils supposent ainsi être capables d’atteindre les mêmes buts que l’Esprit se propose – même si l’Esprit est absent ! L’imitation de l’Esprit suffit à sublimer le spectateur tant elle est bien faite. Hélas, l’auditeur est souvent très facilement sublimé. Il y croit. Et il se lance dès lors dans une conversion qu’il croit spirituelle quand elle n’est qu’intellectuelle ou sensuelle, et malheureusement essentiellement d’ordre humain.
Tel est le processus religieux ; telle est sa puissance, sa séduction. La liturgie archaïque du catholicisme et le vieux rigorisme protestant se sont intelligemment métamorphosés en messes évangéliques. On prétend depuis lors que ces théâtres religieux modernes venus de l’Ouest portent en eux la victoire spirituelle de l’Évangile. Mais rien n’est plus faux. La véritable victoire se déroule derrière cette histoire-là, dans la véritable Histoire. Elle se déroule sur une autre terre et à des milliers de kilomètres spirituels de cette médiatisation du divin. La victoire est acquise par ces inspirés dont la foi pèse mille fois plus lourd devant le ciel, mais qui sont cependant sacrifiés sous la pression médiatique de l’ekklèsia « victorieuse » ; loin des podiums, des estrades et des applaudissements. Là où précisément demeure l’Esprit ; loin des rassemblements et des publics de rue. Dans la simplicité d’une rencontre avec son prochain, dans l’intimité qu’un homme ou une femme ont avec Dieu : dans le secret de leur chambre. Dans l’incognito, ainsi qu’aimait à le dire Kierkegaard : « Dès qu’il y a foule, Dieu devient invisible. Et cette foule, toute-puissante, peut bien aller se casser le nez à sa porte, elle ne va pas plus loin, car Dieu n’existe que pour l'individu. C’est là sa souveraineté. »
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Jacques Ellul, dans son livre « L’espérance oubliée » nous parle de la déréliction. La déréliction, c’est le silence de Dieu, son absence. « Je crois, explique Ellul, que nous sommes entrés dans le temps de la déréliction, que Dieu s’est détourné de nous et nous laisse à notre destin. Certes, je suis convaincu qu’il ne s’est pas détourné de tous, ou plutôt qu’il est peut-être présent dans la vie d’un individu. Il peut être encore celui qui parle dans le cœur de l’homme. Mais c’est de notre histoire, de nos sociétés, de nos cultures, de nos sciences, de nos politiques que Dieu est absent. Il se tait. Il s’est enfermé dans son silence et sa nuit. » (77). Puis d’ajouter plus loin à propos du fait religieux : « Le silence de Dieu, son absence, sont vécus collectivement : c’est le peuple chrétien, ce sont les Églises, ce sont les hommes dans leur globalité qui se trouvent dans la déréliction. Et l’expérience individuelle de quelques-uns n’y change rien » (127).
Ainsi donc, dans la 3e partie du second chapitre intitulé « Les signes de la déréliction dans l’Église », Ellul parle plus précisément de ce qu’il appelle « la sécheresse ». La sécheresse, c’est pour lui « l’absence de portée du témoignage, l’absence de transmission du message chrétien » (140-147). C’est dans cette sécheresse que s’enracinent les principes d’évangélisation qu’utilisent Billy Graham et les prédicateurs du même acabit. Et Jacques Ellul va petit à petit directement en venir à l’exemple concret de cet évangéliste américain.
Cette sécheresse, explique-t-il, est la conjonction de l’esprit religieux avec « le grand effort des intellectuels chrétiens pour arriver à rendre le message audible, compréhensible, acceptable sur un plan purement naturel… » Jacques Ellul dénonce une exégèse de laminage et de torture des textes. « Plus un texte sera dépecé, moins il sera apte à une compréhension fondamentale, affirme-t-il ; plus la connaissance formelle du texte s’améliore, plus disparaît sa signification de fond. » Et d’expliquer plus loin : « Il est bien vrai que, Dieu absent, tout ce qui nous reste dans notre effective pauvreté spirituelle, c’est le décorticage sans fin de l’enveloppe textuelle, mais nous pouvons être assurés que cela ne mène nulle part, et ne fait que rendre plus évidente, que confirmer notre stérilité. Il ne s’agit pas d’aboutir à la conclusion que la position inverse serait bonne, c’est-à-dire qu’il faudrait régresser vers la lecture naïve ou fondamentaliste […] mais nous prétendons nous en tirer par l’exégèse et nous passer du Saint Esprit en obtenant les mêmes résultats. »
« L’entreprise herméneutique sonde donc inlassablement, affirme-t-il encore, elle donne le vertige. Elle est l’exacte réplique inversée de l’ancienne métaphysique. Il s’agit proprement de se substituer à la décision de Dieu. Il s’agit de rendre vivante et signifiante l’Écriture sans que Dieu la rende vivante et signifiante. Il s’agit de procéder au passage de l’Écriture à la Parole, ou de rendre le langage, Parole, par un ensemble de moyens humains hautement raffinés en faisant l’économie du Saint Esprit. L’herméneutique est l’entreprise d’interprétation de la révélation sans la révélation. […] De fait, il est interdit à Dieu de parler. Dieu n’a pas à parler dans cette histoire, c’est à nous de le faire parler. Nous avons à substituer notre herméneutique de la parole à sa parole. »
Prenant finalement un cas concret, Ellul en vient à dire la chose suivante : « La méthode de propagande de Billy Graham est l’exact correspondant, à son niveau, de la philosophie herméneutique. Utilisant le moyen extrême pour obtenir les résultats que le Saint Esprit ne donne plus. Par la propagande on peut obtenir des conversions en économisant l’action de Dieu, comme par l’herméneutique, [on peut obtenir] un sens [sans qu’il soit celui de Dieu]. »
La première édition de « L’espérance oubliée » date de 1972 ! Jacques Ellul, le Bordelais, a publié pas loin de 60 ouvrages dont la teneur est à l’image du meilleur vin du monde qu’on trouve dans sa région. Toutefois, la chrétienté préféra s’abreuver aux boissons sucrées des prédicateurs d’outre-Atlantique. Qu’on ne s’étonne pas désormais. Ayant sacrifié un inspiré qui était à ses portes, l’Église porte en son sein des convertis intellectuels, émotifs et moralistes, fruits de ces prédicateurs de pacotille motivés par des propagandes à la Billy Graham. C’est-à-dire que l’Église regorge d’hommes et de femmes dont la naissance spirituelle, si elle a eu lieu, révèle aujourd’hui des individus atteints de toutes sortes de cas psychiatriques spirituels. Faut-il pleurer sur elle ? Pour l’heure, qu’elle s’abreuve donc de la déréliction divine, du silence de Dieu et de son absence. Il y a là, disait Ellul, « une poussée gigantesque vers la foi, car c’est cette misère de l’homme criant au ciel vide qui peut appeler Dieu à la vie. »
ivsan otets
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1 — le mercredi 20 novembre 2013, par Thamis
Pauvre Billy Graham, le voila donc déboulonné, est t'il donc finalement, à l'instar d'un témoin de Jéhovah un "pragmatique prosélyte", un "calculateur" en terme d'efficience numérique au vue des ses "grands messes" fort appréciées à l'époque par ailleurs ?.
2 — le mercredi 20 novembre 2013, par ivsan
Je pense qu'à partir du moment où on lit le NT en le soumettant au leitmotiv de la Torah issu de l'AT, on ne peut que tomber dans un « pragmatique prosélyte ». Il faut universaliser le messianisme et le faire régner, concrètement, politiquement, etc., etc. – Tel est le message d'un christianisme fondé sur Moïse et non sur le Nazaréen. De fait, la démarche de conversion en vient à être totalement calquée sur tout ce qui touche, dans l'activité humaine, à promouvoir une idée ou un produit. L'Évangélisation devient un acte de propagande similaire à ce que peut être la colonisation de « peuplades sans loi », la prise de pouvoir sur un marché économique ou encore la séduction publicitaire pour la vente de telle ou telle marchandise… Dieu n'est plus du tout là-dedans, mais les églises s'en convainquent puisqu'elles parviennent finalement, par ces méthodes, à faire de « nouveaux convertis ». — « Avec une bonne campagne de publicité, une Nation entière se convertirait assez vite à Dieu », a dit quelque part un publicitaire. C'est ainsi que des Reinhard Bonnke font accroire à la pauvre Afrique que le Christ viendra bientôt faire d'elle un Éden à grands coups de miracles. Cet imbécile de Bonnke devrait d'ailleurs judaïser clairement et sans ambiguïté au lieu d'ajouter aux peines de l'Afrique l'illusion d'une chose qui jamais ne viendra. N'est-ce pas lui qui dit : « Aujourd’hui, nous sommes les successeurs de Moïse et nous sommes envoyés dans le monde pour démontrer la même chose. » Que valent ses conversions ? S'il veut convertir l'Afrique à la Torah (ce qui somme toute n'est pas bête tant ce continent a des retards en terme de connaissance), qu'il se circoncise et revête le talith, mais qu'il ne mêle donc pas le Christ à cela. · Il en est tout autre, bien sûr, quand on lit le Christ en prenant à la lettre son désir de ne pas régner, c'est-à-dire qu'on le comprend comme sa volonté de rendre l'homme assez mûr et autonome pour que chaque-Un règne soi-même sur sa propre réalité. Bien sûr, politiquement et socialement parlant, on est totalement évacué du champ de toute discussion, puisque tout cela conduit à penser le monde de la Résurrection comme un état assimilé à l'anarchisme. — « Quoique très ami de l'ordre, je suis anarchiste », disait Proudhon ; quant à E. Reclus, il disait carrément que « l'anarchie est la plus haute expression de l'ordre ». Quiconque réfléchira sur cela comprendra assez vite que l'anarchie est la politique de l'amour. Quand on aime, on ne veut pas régner, et quand on doit régner, c'est qu'on ne peut encore vraiment aimer – parce qu'on a à faire à des bourricots. À ceux-là, il faut Moïse, la montagne fumante, mais pas encore le Christ. · De plus, d'un point de vue théologique, en se calant sur la méthode du Christ, l'évangélisation est d'abord sentie comme un fait de l'Élection. Et pour le coup, la mise à l'écart devient double puisque le christianisme à la Billy Graham et autres Bonnke parle d'un choix de l'homme, d'une décision humaine. Ainsi les voit-on souvent hurler, gesticuler en tout sens, et user de moyens financiers incroyables pour convaincre l'Autre. Bref… ils sont tous plus ou moins des Témoins de Jéhovah venant faire du « porte-à-porte », du « nation-à-nation ». Le « faites de toutes les nations des disciples » de Matthieu a vraiment l'odeur de ce procédé prosélyte directement emprunt à l'AT. C'est un verset auquel je n'aborde guère de crédit. Cette « grande commission » est bien souvent un prétexte. Des hommes, ce verset en mains, se revêtent du titre d'apôtres du Christ, traversent des mers et vont chez les autres apporter leur culture associée à une idéologie morale du bien et du mal. Puis ils les livrent à un système ecclésiastique d'où il est ensuite presque impossible de sortir. Je ne remets pas en question la sincérité de leur geste, mais si Paul est à prendre au sérieux, c'est parce qu'il mettait l'Élection au centre de son message. Mais Paul a tellement été subverti, d'abord par Luc, dans les Actes, alors qu'il ne l'a jamais connu – je doute que Paul usât de la propagande, et le véritable Paul était probablement à mille lieues de celui que Luc tente de dessiner pour inventer son Universalisme chrétien. Il est impossible d'user de la propagande lorsqu'on a comme Paul une telle finesse à propos de l'Élection.
3 — le mercredi 20 novembre 2013, par Thamis
Merci pour cette réponse si bien argumentée.
La ou je « bute » sur ce commentaire, c'est sur la grande commission « faites de toutes les nations des disciples » sur lequel tu n'accorde guère de crédit. Est-ce à dire que ce n'est donc pas une obligation ?
En effet les catholiques - leurs églises se vidant - reviennent pour leur part d'une forme de « non prosélytisme » et se mettent a une « nouvelle évangélisation » parfois un peu à la sauce évangélique, curieux non ?
Il y a aussi avec les « papes » évangéliques la diffusion à peine voilée de l'american way of life et de son pendant, la technique si décriée par Ellul.
Mais si l'Évangile n'est plus prêché « audiblement », comment va t'il pouvoir perdurer ?
4 — le jeudi 21 novembre 2013, par ivsan
Bonne question fratello… Tu cites donc ce principe selon lequel « l'évangile ne doit jamais cesser d'être prêché sur terre ; qu'il est obligatoire de l'annoncer et que sa vérité ne peut s'arrêter d'exister ici-bas ». Je comprends très bien que tu butes sur cet argument, car comme moi, tu as connu cet enseignement ecclésiastique communément relayé siècle après siècle par les autorités ecclésiales.
En philosophie, ce type d'argument s'appelle « un postulat », c'est-à-dire une vérité qu'on exige d'admettre comme définitive sans en faire la démonstration. De plus, c'est un postulat qui n'a rien de spécifique à l'Écriture, mais qui est commun à toute vérité raisonnable. Si un athée, un musulman ou un hindouiste assistaient à notre conversation, ils se rangeraient tous trois du côté de cet argument, car chacune de ces personnes comprend aussi sa propre « vérité » comme indissociable à ce principe. Ce principe, le voici : Il est déclaré comme indiscutable que la Vérité dernière ne peut mourir. Elle est toujours victorieuse dans le temps et ne peut être mise à mort. Dieu ne peut être tué, pas plus que la vérité qui assure que 2+2 font 4, que la somme des angles aigus d'un triangle rectangle est de 90°, ou encore que la Nature est mue par les lois de l'évolution positive et de ce fait ne conserve que les plus forts qui obéissent à ces lois, etc., etc.
Mais peut-on attacher cette Tout-Puissance venue de la vérité raisonnable à la vérité qu'annonce le Nazaréen ? Oui ? Alors pourquoi donc le Christ a-t-il été mis à mort ? Pourquoi a-t-il refusé de régner ici-bas ? Pourquoi n'a-t-il pas combattu afin que Sa vérité obtienne précisément cette Toute-Puissance et le titre de Roi parmi les vérités du Monde ? « Mon royaume n’est pas de ce monde, a-t-il dit. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi… » (jn 1836).
Certainement, on me répondra qu'« il est finalement victorieux puisqu'il ressuscita. » Certes, alors pourquoi donc ne vient-il pas concrètement régner ici-bas en écrasant justement toutes les vérités sous sa Toute-Puissance ? Car il ne le fera pas : « Ma réalité n’est pas de ce monde », a-t-il averti. Il ne reviendra pas ! Jamais il ne sera ici-bas le roi-Messie régnant qu'attendent en vain les religieux. La Nature même de sa vérité, c'est le non-règne ; tandis que la Nature même de toute vérité ici-bas, c'est de régner. Or, voici le paradoxe : c'est que le non-règne du Christ est plus puissant que le règne des vérités qui dirigent notre monde. Le « non-règne » de Dieu domine finalement le règne des vérités que nous disons immortelles. On peut donc dire que le Christ règne, mais précisément parce qu'il refuse de régner.
La chose est simple, mais c'est parce qu'elle n'est pas raisonnable qu'elle nous choque et que nous avons naturellement une énorme difficulté à l'appréhender. — Le non-règne, parce qu'il en appelle à la liberté, est toujours dominant par rapport à une vérité régnante qui précisément est une moindre liberté. C'est-à-dire que le vouloir élargir la liberté est en soi une valeur supérieure au vouloir restreindre la liberté. Et si la liberté de l'homme libre échappe à la servitude de l'esclave, c'est parce que l'homme libre est dans un non-règne tandis que l'esclave est dans un règne. — Le Christ, c'est désirer que l'autre soit en lui-même son propre règne, que sa volonté ne soit plus restreinte par une impossibilité, c'est-à-dire par le règne d'une vérité quelconque ; c'est désirer que « rien ne lui soit impossible » disait le Christ (mat 1720).
Il s'ensuit le scandale suivant : désirer que règne ici-bas le Christ, c'est en appeler à sa chute et à son amoindrissement. C'est pourquoi, au regard de la puissance de nos vérités régnantes, le Christ est toujours en échec… puisqu'il ne veut pas régner sur leurs trônes. Il est en échec, parce qu'il refuse d'entrer en combat contre elles pour se saisir de leur trône. Parce qu'il ne veut pas les imiter, et comme elles régner sur les hommes. Mais c'est précisément parce ce qu'elles Le perçoivent comme un échec qu'Il est un piège pour elles ; car c'est finalement son non-règne, étant une liberté illimitée, qui les domine. Il leur demeure infiniment supérieur parce que sa liberté est sans limites. Et ce piège qu'il leur tend est le suivant : Le Christ a assez de pouvoir pour faire sortir les siens du monde des vérités ! Il a assez de puissance pour les conduire dans sa réalité où ils seront tels des rois sur leur propre réalité, où plus aucune vérité ne régnera sur eux – où ils seront « réellement libres » (cf. jn 836).
La vérité ici-bas, celle de notre réel, c'est précisément que : « La vérité doit régner ». Mais pour le Christ, la vérité, c'est que chaque-Un soit la Vérité, que chaque-Un puisse dire, face à sa propre réalité : « Je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin ». C'est pourquoi, dit-il ailleurs : « Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j’ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône » (apo 321). La vérité du Christ est proprement et absolument existentielle. Il n'existe pas pour Lui de vérité pour tous, partout et toujours à laquelle tous, partout et toujours doivent être éternellement soumis. La vérité, c'est l'homme, et plus précisément, les fils de l'homme, lesquels ressusciteront en une nature telle qu'ils seront, pour leur réalité – la Vérité. En terme clair, cela s'appelle un principe dans lequel la liberté et l'amour sont Un. C'est-à-dire que la liberté et l'amour sont l'avers et le revers d'une même pièce. Il y a là une rupture radicale avec ce monde, sa nature et ce sur quoi il est fondé. Il y a littéralement changement de Monde – et non pas changement d'un Roi sur le même trône de l'Universalisme. Le monde-à-venir ne consiste pas à emmener là-bas le trône maudit des vérités d'ici-bas pour y placer dessus un dieu Tout-Puissant ; mais il consiste en ce que chaque-Un sera son propre trône tandis que les trônes des vérités immortelles de la raison, des doctrines, des sciences, des théologies… seront toutes jugées. Parce que là-bas : « les prophéties seront abolies, les langues cesseront, et la connaissance disparaîtra » (1Co 138). Les Êtres se joueront entre eux dans un rapport de liberté et d'amour où la raison sera leur valet sans que nul n'aura besoin de la sonder.
Soit donc, pour en revenir enfin à la « grande commission » dont il est question. Qu'a dit le Christ ? « Tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre… » (mat 518). Et ailleurs : « Quand viendra le Fils de l’homme, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (luc 188). C'est-à-dire que le Christ explique que la raison, et la morale qui la protège sont à jamais le principe régnant sur terre. Jamais ne cessera ici-bas le règne des lois qui régissent ce monde – jamais ! Il faut donc attendre que passe cette réalité, que passe notre vie terrestre pour qu'une tout autre forme de vérité domine alors dans une tout autre réalité où l'homme sera alors transporté. Il faut attendre la résurrection pour que cesse le règne des lois. Alors régneront les fils de l'homme pour qui « rien ne sera impossible » – ce seront eux la Vérité, et chaque-Un pourra dire, à l'instar de Celui qui la fait naître : « Je suis la vérité de ma réalité. »
Toutefois, concernant cette dynamique-là de la Résurrection, à propos de ce « mode de vie » à-venir complètement incompréhensible à notre misérable raison, le Christ interroge : « Lorsque je rencontre l'homme sur terre, lorsque je rencontre le terreux, est-ce que je découvre déjà en son cœur les prémices de cette réalité à-venir ? Est-ce que je découvre en lui la foi en ce que je lui annonce ? » Rien n'est moins certain, dit-il. Et tandis que la raison règne, le Christ suggère même qu'il se peut fort bien qu'un jour, sur terre, plus aucun homme ne vive par la foi en Lui et n'espère au monde-à-venir. Il se peut fort bien que le non-règne du Christ soit si total, et le règne de la raison, de la morale et de la technique si total, que l'Évangile ne résonne plus dans le cœur d'aucun homme et ne soit plus audible nulle part. Il se peut qu'un jour, l'Évangile meure sur terre, et très certainement, un jour il mourra !
La « grande commission » est une supercherie dans le sens où la volonté du Christ ne consiste pas à faire de toutes les Nations des disciples comme s'il voulait régner universellement. Mais son désir est de rencontrer Un homme, quelle que soit sa Nation, et de lui apprendre à devenir un fils de l'homme, de développer en lui la foi, et surtout, de faire en sorte qu'il tienne bon, jusqu'à la fin, dans cette espérance post-moterm où il sera enfin réellement libre. Quant à témoigner ? Quelle bêtise ! Celui qui aime se taira-t-il un jour à propos de l'amour qui le passionne ? Certes non. Et s'il se tait, c'est qu'il n'aime pas. Aussi n'y a-t-il pas « obligation » de témoigner. Le témoin est témoin par nature. Il n'a nul besoin de jouer à l'apôtre, au pasteur ou à l'évangéliste. Qu'il soit ce qu'il est et suive sa volonté. Chacun est inspiré à la mesure de son accointance avec le Christ, et imaginer une intimité qu'on n’a pas, c'est quitter l'inspiration, et risquer même de faire l'inverse. Pourquoi se mettre sous la pression d'un règne du Christ qu'il faudrait instituer ici-bas ? le Christ ne veut pas régner. Pourquoi vouloir prouver au monde que la vérité du Nazaréen est crédible ici-bas ? – elle ne l'est pas. Pourquoi justifier sa liberté devant une église ? – le Christ n'a de passion que pour le royaume des cieux seul où il conduit chaque-Un individuellement.
L'évangile n'a pas pour vocation de perdurer ici-bas, ni même d'avoir toujours une voix qui témoigne de son propos au monde. Il a pour vocation de ne pas mourir dans le cœur de l'homme qui reçoit son espérance. Et s'il s'avérait qu'un jour un seul homme ici-bas espère encore au Christ, lorsque cet homme mourra, l'Évangile mourra peut-être avec lui. Et alors ? Où est le drame ? S'il s'avère que le Christ n'appelle plus personne, et qu'il ne trouve plus sur la terre de vase qu'il veuille remplir de foi, c'est que le monde est alors totalement livré au règne de ses lois, des ses hautes technologies, de ses morales, de son universalisme – et de ses ekklèsias. C'est que le non-règne du Christ sur terre est entier, c'est que son Évangile a définitivement vaincu : « il n'a perdu aucun de ceux qui lui ont été donnés » (jn 189) – il les a tous ramenés à la maison.
5 — le jeudi 21 novembre 2013, par Thamis
Devant une telle démonstration, je me sent "démuni". Lorsqu'il n'y aura plus de "fils de l'homme" ici-bas que va t'il advenir de la suite des événements ? À quoi préparer mon fils de 9 ans qui partage ma foi ?
6 — le jeudi 21 novembre 2013, par ivsan
Je te parle d'une lecture de la bible. Je réponds à ta question concernant l'idée d'une pérennité de l'évangile ici-bas et de son soi-disant règne en ce monde. · La suite des événements ? Pourquoi se laisser tenter à jouer au prophète de l'actualité ? Il y a suffisamment de blogs qui tombent dans ce piège avec leurs auteurs qui s'amusent à jouer au « journalistes-prophètes ». Je viens d'ailleurs encore d'être expulsé d'un de ces sites par son devin « chrétien » et sa pythie parce qu'ils n'ont pas supporté mes propos sur leurs papes protestants. Tu trouveras là-bas des articles sur les tremblements de terre et autres phénomènes politiques… tous concoctés à la sauce « règne du Christ ». Les survivalistes chrétiens sont en grand nombre, internet est plein de ces prophètes de papier qui tentent de décrypter l'actualité, la bible dans une main et les médias dans l'autre, essayant de « prophétiser » ce qui n'est finalement que leurs fantasmes et une espèce d'amertume face au refus qu'a le Christ de régner et de leur donner la prospérité. L'Église victorieuse est moribonde. · Les Cahiers Jérémie n'ont rien de commun avec eux ! Je dis que l'évangile est porté sur : « Le royaume des cieux seul ». Je dis qu'un royaume des cieux sur terre n'est pas son propos. Chercher à annoncer et à prouver le surgissement d'une théocratie « christique », ou encore d'une mondialisation de la morale ecclésiastique en jouant avec les événements politiques, les conflits dans les Nations et en prophétisant des catastrophes de toutes sortes, c'est une perte de temps, et selon moi une vanité. — Je ne sais rien de plus que ce que tu peux observer toi-même dans l'événementiel. On ne peut que supputer. · Pour le reste… tout va vers la tiédeur et dans une subversion telle du christianisme que la véritable foi est en train de devenir akklésiastique – sans églises. Le Christ se tient à la porte du christianisme, ainsi qu'il est dit dans le dernier livre du NT. Le christianisme est donc dans une sorte de déréliction de Dieu ; bien plus, le Christ est à deux doigts de « vomir l'église » nous dit le texte. Pour certaines, la chose est d'ailleurs déjà faite ! Que rajouter à cela ? Rien. D'un point de vue événementiel, politique, écologique… n’importe quelles raison et perspicacité humaine se vaut. Tout ce qu'on dit à ce propos, même en se proclamant l'inspiré du ciel ne vient que de l'intellect humain. Tout ce qu'on peut y gagner, c'est de braire comme l'ânesse de Balaam. Que l'homme de foi apprenne donc à assumer sa foi, à vivre dans les ténèbres de la foi disait Luther – à ne pas braire avec les ânes. Qu'il regarde la réalité sans illusions et sans chercher à tout prix à voir son avenir. · Concernant ton fils, n'a-t-il pas la chance d'avoir en ta personne un père capable de lui laisser un héritage spirituel ? Aussi est-il heureux. Toute obsession à saisir l'avenir dans les détails est qu'un manque de foi.
7 — le jeudi 21 novembre 2013, par Thamis
Re "amen" :-) oui effectivement je "manque de foi"… d’ailleurs j'en avais plus avant de fréquenter les évangéliques en 2003.
8 — le jeudi 21 novembre 2013, par ivsan
Pour augmenter sa foi, rien de tel que de vivre dans le monde. Le monde ecclésiastique est trop clos.
Cette couillonnade de « charbons qui s'éteignent s'ils ne restent pas ensemble » n'est qu'un sophisme de secte. Cette salade de « charbons » n'est qu'une tentative d'infantilisation. Les « charbons » sont en vérité des biberons.
La foi augmente quand l'homme « part sans savoir où il va ». Or, en tout programmant, l'ekklèsia ne demande pas de foi, seulement de suivre la route du planning théologique, et quand ce planning est en plus mystique, il peut réellement briser une personne dans sa psychologie. Le phénomène sectaire de l'ekklèsia n'est pas à prouver et il est particulièrement dangereux.
Ce que tu as vécu de la part des religieux et les souffrances qu'ils ont engendré dans ta vie – hélas – cela est d'abord le fait d'une logique ecclésiastique . Ce « vouloir rendre logique et compréhensible » le paradoxe du Christ, c'est ici qu'est la véritable subversion. Le paradoxe du Christ est précisément seulement saisissable par la foi. Vouloir échapper à la foi par tout un tas de procédés théologiques, mystiques, visionnaires… c'est cela faire violence au ciel pour y entrer. Le fait diabolique est là ; c'est un surplus de logique, c'est du « trop logique ». En ce sens, la foi est une véritable thérapie. Et d'ailleurs, de façon générale, dès qu'il y a relation humaine, la confiance mutuelle, c'est-à-dire la foi, c'est le signe d'une bonne santé. :)
9 — le jeudi 21 novembre 2013, par Stéphane
Les sentiments réels dépassent de tellement en profondeur les mots pour les définir, qu'une histoire d'amour a toujours plus de profondeur quand les sentiments restent inavoués. La meilleure manière de ne plus vivre un amour sincère envers une personne, c'est finalement de lui avouer son amour par des mots.
Le principal mot d'ordre des assemblées chrétiennes modernes est devenu l'évangélisation. Mais cela n'est guère étonnant de la part de religieux qui pensent que le seul pouvoir argumentatif suffit à la conquête des cœurs. Quelle appréciable mission, qui communique si facilement à l'homme l'illusion d'une position agréer de Dieu ! La foi ne vit aux aléas de la vie quotidienne, et il est effectivement bien plus léger de savoir où l'on met les pieds. De savoir où l'on en est avec Dieu.
Le pouvoir ecclésiastique sur les âmes s'exerce par la pression du qu'en dira t-on. Et quant à celui qui n'évangélise pas, ô grand Dieu ! celui-ci n'est pas chrétien, dira t-on surement. La propagande n'a pas besoin de foi pour être efficace.
L'amour d'un père pour sont fils est-il si friable qu'il a besoin de faits tangibles pour se prouver ? Et un père n'aimera t-il pas toujours son fils, malgré ce qu'il peut faire ou ne pas faire ? C'est l'immaturité qui fait croire à un enfant qu'il doit mériter l'amour de son père.
La menace du courroux divin est brandi sur tous ceux qui ne s'exécutent pas immédiatement. Dieu n'est pas un père rétributaire, un directeur d'entreprise, ou pire encore un exploitant esclavagiste. Il n'attend pas que nous exécutions ses exigences sans quoi nous serions punis.
Mais désormais, c'est l'autorité ecclésiastique qui a pris un rôle de père, mais d'un père sévère et exigeant.
10 — le vendredi 29 novembre 2013, par Jessé
L'on tente de nous faire croire que nous ne sommes pas nés du Fils de l'homme. L’on voudrait que nous nous contentions d'être des «petits fils», faisant de Dieu le grand-père, non plus le Père. Tandis que ce dernier n'aurait plus qu'une autorité diffuse, une influence de Bon Dieu à la barbe blanche, alors que le rôle du père reviendrait de droit aux hommes d'églises, une autorité que le Père leur aurait léguée.
Le Père devient alors peu à peu une figure de vieux sage millénaire, témoin passif des sanctions données à ses petits-enfants, approuvant au passage telle ou telle réforme. Il va donc dans l’ordre des choses que des générations lui érigent un monument partout où leur autorité n’est plus contestée. Car, il leur faut assurément toujours plus de bâtards à nourrir du cadavre d’un dieu qui se veut sénile. Et en cela, la Grande prostituée ne manquera pas de travail.
De ce fait, nous ne naissons chrétiens que dans un cadre «chrétien», et recevons le baptême comme d'un héritage transmis de pères en fils, bien sûrs d’être authentifiés comme tel membre d’une grande famille. «Signons le grand registre! Ensuite, nous pourrons nous investir de cette autorité pour la transmettre à notre tour.» Ainsi, reposons-nous sur le témoignage et les convictions de nos parents terrestres, qui en on fait de même, étant sauvés par défaut. «Si l’on appartient à une lignée plus ou moins ancienne, qui se poserait la question de l’authenticité de nos origines?» Il se trouvait que nos pères avaient la foi, aussi perpétuons-nous la tradition, tout en «ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force.» (2 Timothée 3.5)
11 — le vendredi 29 novembre 2013, par ivsan
Hardi ! « L’on voudrait que nous nous contentions d'être des “petits fils”, faisant de Dieu le grand-père, non plus le Père. » Je suis bouche bée devant la finesse de ce mot. Il y a un livre d'apologie derrière cela : les autorités ecclésiales sont devenues le « père » tandis que l'église est la « mère ». Il copulent ensemble pour pondre des œufs dont il faut surtout que jamais ils n'éclosent. Et bien c'est raté pour certain. Nous avons brisé la chrysalide – et puisse le ciel nous donner des ailes pour marcher sur l'eau !
12 — le vendredi 29 novembre 2013, par Stéphane
Très pertinent commentaire de Jessé je trouve, cela me fait penser à Cronos avalant ses petits pour éviter qu’ils le détrônent...
13 — le jeudi 15 janvier 2015, par Thamis
Stéphane, tu écrit le 21 Novembre 2013 : "Dieu n'est pas un père rétributaire, un directeur d'entreprise, ou pire encore un exploitant esclavagiste. Il n'attend pas que nous exécutions ses exigences sans quoi nous serions punis.". A la pratique personnelle,, je ne sait pas trop si cela est vrai. Certes n'ayant pas eu de père, à part me transformer en gradé autoritaire j'ai du mal -dans mon vécu- a concevoir un Père Céleste aimant. En plus j'ai reçu dans ma vie trois baptêmes, le Catholique, l’Orthodoxe enfin le Protestant Pentecôtiste, et entre le Christ doux et gracieux, le Pantocrator et l'Eternel des armées, j'ai l'impression qu'ils sont chacun aux trois extrémités d'un triangle....des Bermudes... En plus cette saleté d'Esprit pris chez les pentecôtiste à réussi à annihiler ma volonté en essayant à tout prix de me faire prendre la grande croix...Et quand je n'obéis pas au doigt et à l'oeil, je me prend de grosses baffes .
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