LA SÉPARATION


ou

COMMENT SANCTIFIER L’HISTOIRE PROPREMENT


Freres Sang Akk

Voici un film surprenant : Sons of Philadelphia.

Il est adapté d’un livre de Pete Dexter, auteur américain encore en vie, qui publia en 1991 un roman dont le titre est « Brotherly Love », c’est-à-dire « L’amour fraternel ». N’importe quel lecteur de la bible sait en outre que Philadelphia est le nom d’une des 7 églises dont il est question dans le livre de l’Apocalypse, et que le terme grec Philadelphos se traduit par « qui aime son frère ».

Néanmoins, après avoir visionné le film, il m’a très vite été évident qu’il fallait changer le nom de cette histoire. Car il est question des « frères de Laodicée » et non de Philadelphie. C’est-à-dire que l’histoire fait référence à la dernière église : l’Église de Laodicée (Apo 314-22).

Le réalisateur français, Jérémie Guez, n’a bien sûr pas conscience de cela. Il est doué. Mais bête. On rencontre partout aujourd’hui ce profil d’imbécile. Ils sont en tous lieux. Ils savent lire et écrire mais ne comprennent ni ce qu’ils lisent ni ce qu’ils écrivent. Il vous suffit d’associer cela à une forte capacité technique, à un corps en pleine santé et à un cerveau « nootropé », vous obtenez alors une prophétie autistique absolument vomitive comme ce film réussit à le faire.

Ainsi donc, je n’irai pas dans les détails. Quiconque veut s’amuser à décortiquer la chose le fera sans mon aide. Il y a le livre, dont il semble que la fin ait été modifiée. Il y a différents personnages, dont le nom a peut-être été voulu, tel que Bono, le mafieux italien dont Dianitsa me faisait remarquer qu’il portait étrangement le même nom que le chanteur irlandais, etc. Peter fait-il, lui, référence au « Pierre biblique » et Grace au concept de la « grâce théologique » ? Peu importe. Ce que je veux, c’est aller à l’essentiel. Je conseille donc au lecteur de visionner le film avant de lire les paragraphes qui suivent.

Q

Quel est le personnage principal du film ? Est-ce Peter ? Est-ce Michael ? Ces deux cousins qu’une histoire familiale tragique unit. Est-ce Grace ? ou son frère Jimmy ? Est-ce le judaïsme de ces derniers, lequel nous surprend justement en fin de film ? Est-ce l’amour de Grace qui sert au réveil de Peter ?

Voyez-vous, la sortie nationale du film a eu lieu le 30 décembre 2020. C’est étonnant. Car le personnage principal du film — c’est le cheval. Je pourrais m’arrêter là. Et lancer un : « Que celui qui a des oreilles entende ! ». Je suis tenté de le faire. Pas vous ? L’aveuglement et la propagande ne vous font-ils pas vomir ? Comme on vomit devant Laodicée, avec une étrange envie de partir et de se taire définitivement.

En voyant la scène, j’ai compris que tout le film était là : lorsque que Michael demande au vétérinaire de piquer le magnifique cheval de course qu’il a acheté pour 80 000 dollars peu de temps auparavant. Le canasson ne gagne pas. Tuons-le ! Seuls les vainqueurs doivent rester ! En vérité, c’est ce que va faire Peter avec son cousin, avec Michael, précisément. Mais pour injecter le poison dans la chair de son cousin, il lui faudra beaucoup de force et de puissantes justifications. Il sera donc porté par trois forces : l’amour de Grace ; la synagogue où il a organisé l’enterrement de Jimmy, le frère de Grace que son cousin a tué ; et enfin, le fait que – lui – par nature, n’est pas un perdant, contrairement aux apparences. Il est moderne, il est éthique, il est le monde-à-venir. Il n’est pas le vieux-monde.

Le vieux-monde, il faut le piquer. Il faut l’éliminer. Il faut les piquer ; il faut les éliminer, ces perdants de l’antique monde. Ils n’ont pas compris les leçons. Ils ne veulent pas se réformer. Ils n’écoutent pas la propagande. Ils ne veulent pas gagner un monde meilleur. Tuons-les donc ! Car nous avons tout essayé. N’est-ce pas ? Que les médecins viennent. Car il faut faire cela proprement, sans armes à feu, avec des seringues. Nous ne sommes pas des mafieux ; nous ! Nous sommes des hommes de Laodicée. Nous sommes riches, savants et justes. Nous sommes le nouveau-monde.



Ivsan Otets


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L’infinie diversité du monde offre pour la première fois à l’homme le moyen matériel de démontrer son unité. Un prétexte de communion universelle […] s’offre à tous […]

Élie Faure à propos du cinéma, dans son Introduction à la mystique du cinéma
cité par S. Zagdanski, La mort dans l’œil, v, fascination.