Le travail d’Ivsan Otets, pseudonyme construit sur du slave et du syriaque, prend sa source dans sa propre trajectoire spirituelle. La trajectoire d’une conversion assez banale au Christ — bien que radicale — puis d’un engagement total dans le Protestantisme évangélique typique de l’Occident. Après diverses remises en question plus ou moins progressives de cet engagement dans les structures ecclésiastiques, il considère la relation de l’individu avec le Christ, et par conséquent avec Dieu, d’une tout autre manière. Son travail aboutit donc :
- Premièrement, à questionner sans retenue le christianisme avec toute sa panoplie de dogmes, et à considérer les différentes implications que cette audace produit pour le croyant.
- Deuxièmement, à chercher l’identité de l’homme-Dieu et plus généralement du divin, ou de la Vérité, et par conséquent l’identité de l’homme, de l’être, et enfin de la réalité. Mais surtout, à chercher comment l’un et l’autre « se touchent », « se rencontrent », « se parlent ».
Son pôle d’attraction reste le Christ, mais dans la seule perspective « existentialiste ». En définitive, Ivsan reprend ce vieux combat entre l’Immuable et le Devenir, entre l’Un et l’Individu, entre le Créé et le Libéré, entre l’Adam et l’Homme-dieu, entre ce que les fils de la religion appellent stupidement l’Harmonie ou le commandement du Bien, et le Chaos ou le sans commandement de l’Anarchie.
C’est ainsi qu’aucun dogme, aucune doctrine, aucun texte n’a assez de sacré pour échapper à cette guerre. La critique historique des Écritures initiée au XIXe siècle fut certes un point de départ pour Ivsan, mais sa recherche l’a obligé à finalement pousser plus loin. Il faut tout oser. À l’instar du Christ, il faut aussi convoquer au désert l’Espace, le Temps et la Nécessité : eux aussi doivent être passés au crible !
Ainsi, le discours akklésiastique d’Ivsan Otets ne tire pas son origine d’une « révélation » directe de Dieu dans le sens pittoresque du terme mais procède d’années de recherches, dans une étude qu’il ne déleste jamais de la chambre intime dite « de la prière », à partir d’auteurs des générations passées, contemporains ou, parfois, inattendus. C’est un discours pour Le temps, pour La vie, en ce qu’il articule les découvertes philosophiques et théologiques du « passé » dans la synthèse d’un Christianisme dont l’âge n’est en vérité qu’un prétendu, qu’une prétention. Une synthèse qui dès lors ouvre la voie à des développements jusqu’ici inexploités et foncièrement libérateurs pour l’homme.
Le discours d’Ivsan se nourrit du travail de réflexion souvent monumental mené par d’autres penseurs, philosophes, théologiens, talmudistes, historiens, scientifiques et autres chercheurs — sans aucun a priori : Augustin, Chestov, Plotin, Corbin, Neher, Ramhal, Blachère, Ballanfat, Guénon, Shankara, Cheikh Anta Diop, Bottéro, Eliade, Meier, Ellul, Weber, Ariès, Assmann, Freud, Dodds, Jung, Detienne, etc.
Ce faisant, il chemine naturellement aux côtés de l’existentialisme d’un Søren Kierkegaard qui demeure en quelque sorte, pour Ivsan, le plus intime parmi tous les chercheurs. Car lui aussi fut pénétré de l’idée que l’homme individuel est la mesure de toute chose et qu’il ne peut en être autrement pour lui s’il veut « vivre ». Le Christ ne dit pas autre chose. Il n’est pas venu pour autre chose que pour dialoguer avec L’ homme — en tête-à-tête.
Le combat opiniâtre que Lev Chestov livra sa vie durant contre la Raison pour attaquer sa toute-puissance sur l’esprit de l’homme demeure néanmoins une sorte de sésame. Il apporte une certaine cohérence à la recherche spirituelle entreprise par Ivsan, car cette insistance chestovienne à lutter contre les évidences permet de ne jamais ôter la cognée qu’il faut sans cesse replacer sur le tronc de l’arbre toxique : cet arbre de l’Un harmonieux de la logique dont parle le livre de la Genèse.
Ivsan reprend donc cette arme afin de ne jamais laisser en paix l’arbre dont l’hypnose subtile atteint quiconque aime son fruit. Comme évoqué plus haut, l’existentialisme de Kierkegaard fut une autre voix amie, fraternelle, qui guida et guide encore sa pensée. Tout comme le philosophe danois, Ivsan défend ardemment l’idée que le Christ est un Dieu de la Personne et qu’il ne sacrifie jamais l’individu au collectif, l’homme au système (à l’idée, l’idéal, la vérité, etc.). Qu’il n’est pas pour lui le membre d’un corpus christi imaginaire.
La volonté d’Akklésia de synthétiser et d’expliciter le discours existentiel chrétien prend depuis ces dernières années une nouvelle forme et tend vers des objectifs plus ambitieux en termes de philosophie, pour aborder des contrées qui surprennent même les auteurs. C’est pourquoi, longtemps en accès libre sur leur site, les écrits d’Akklésia seront disponibles à la vente uniquement, à partir de l’année 2023 et pour ce qui concerne les textes inédits.
Avec les textes déjà disponibles en ligne, « Les Causeries akklésiastiques » resteront néanmoins en libre accès. Proposées sur le même site et offrant une approche plus informelle à ses thèses, ce sont des conversations sous forme de fichiers audio (mp3) qui interrogent des passages bibliques ou abordent les thématiques récurrentes du christianisme et de la démarche d’Akklésia, en y revenant dans le détail.
Nous avons plusieurs autres ambitions et projets, pour certains déjà fort avancés, mais que les aléas financiers ne nous laissent pas totalement libres d’accomplir et de conduire à leur terme. Outre les prochains textes et causeries « de maturité » sur lesquels nous travaillons et que nous présenterons sur un nouveau domaine en .com, voici quelques autres chantiers qui nous tiennent à cœur : d’autres recueils de textes (anglais, cinéma, épîtres…) ; une proclamation akklésiastique ; des séries de causeries sur le modèle de commentaire intégral de livres bibliques, etc.
Étant indépendants de toute structure établie de financement, notre travail avance au gré des circonstances de la réalité. Et dans ce domaine, l’aide que nous avons reçue jusqu’alors est quasiment inexistante. De nombreuses personnes sont sensibles au discours que nous développons mais, à l’exception d’un virement mensuel de 30€ qu’un contributeur parvient parfois à élargir par d’autres apports, y compris pratiques (nous le remercions encore) — nous n’avons pu compter sur la contribution sérieuse d’absolument personne ! La vente de nos livres ne couvre pas même les frais engagés pour le développement de notre travail.
C’est ainsi que nous ne savons si nous allons pouvoir mener à bien tous ces projets. L’exigence de notre travail en termes de temps, de concentration et de tranquillité est telle que le soutien financier de toute personne sensible au discours que nous développons serait plus que bienvenu. À cet effet, nous avons mis en place dans le menu principal un onglet « Soutien » situé dans la section symbolisée par une punaise de bureau.