pdf akklésia sur l’éternité couv
Ivsan Otets

HIVER 2012

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À propos : C’est un curieux particularisme des protestants francophones que de pouvoir lire dans leurs bibles le Tétragramme traduit par : « l’Éternel ». En effet, nous savons ce que raconte le Pentateuque au sujet du nom de Dieu : il fut donné à Moïse par Dieu Lui-même, sous forme de définition énigmatique et métaphysique premièrement (Ex 314) et de jeu de mots autour du verbe être ensuite (Ex 315). Une définition formulée comme suit — Je suis celui qui est/qui suis ou bien Je suis qui je serai. Les quatre consonnes léguées par les Écritures comme « nom de Dieu » étant יהוה (yhwh). Imprononçable par respect pour la divinité, le Tétragramme sera remplacé par « le Nom » (Hashem) ou « le Seigneur » (Adonaï). Ou encore « l’Éternel », donc.

C’est cette notion d’éternel, d’éternité qu’interroge le texte proposé ici, en convoquant les dernières théories scientifiques sur l’univers conçu comme espace-temps, pour les mettre en miroir avec les hypothèses des rédacteurs de la Genèse — encore eux ! Le ou les inspirés qui nous ont légué le Bereshit ne paraissent en effet pas moins savants que les astrophysiciens d’aujourd’hui lorsqu’ils nous racontent le Commencement… Leur esprit pénétrant s’est toutefois hâté, à l’instar de nos scientifiques contemporains, de confondre leurs magistrales déductions avec l’identité dernière du Dieu.

Le Nazaréen, qui a tenu l’Éternité à distance, est Celui qui, des siècles après les nomades orientaux et avant les scientifiques occidentaux, résout les mystères et équations de l’univers.

Deux mots sur l’éternité

À L’ATTENTION DES ASTROPHYSICIENS ET AUTRES LISEURS D’ÉTOILES


extrait


PAGES 4-5

Profitant de cet héritage colossal, l’astrophysique moderne poursuit donc la quête de l’univers éternel avec un sérieux incomparable. Sa première préoccupation étant d’ôter au big bang son monopole. Car si l’univers est sans fin, il doit être sans commencement ; aussi faut-il que le big bang ne soit pas son origine, qu’il ne soit pas l’instant premier de la Création du monde, mais seulement un épisode au sein des péripéties infinies de l’univers. Par conséquent, le cosmologiste suppose que le big bang n’est qu’un phénomène de collision interne à l’univers et suscité par lui-même ; une sorte de transition parmi d’autres au cours de ses interminables avatars. Mais pourquoi un tel acharnement à vouloir rendre l’univers physique éternel ? Pourquoi faire de l’éternité une sorte d’âme cachée de l’univers ? Une âme énergétique qui a été, qui est et qui sera éternellement. La réponse est fort simple : dès l’instant où l’univers est sans âge ni origine, le big bang et notre réalité sont nés de lui, ils ne sont qu’une minuscule saison de son infinité ; il n’est donc plus question d’un Dieu se trouvant avant et à l’origine du monde. L’avant univers n’existe plus puisque l’univers n’a jamais eu de commencement : l’éternité a vaincu Dieu ! Pour l’astrophysique, le big bang est donc une gradation appartenant aux cycles de la vie universelle ; un de ces prodiges que produit l’univers dans l’extrême complexité de son « feu éternellement vivant », aurait dit Héraclite.

PAGE 8

Que constate finalement le chercheur à partir du mur de Planck ? Il constate que le temps vient soudain de se séparer de la matière, que l’espace commence à délimiter ses frontières. Le monde est en train d’exister ! Il s’ordonne selon des lois universelles et devient compréhensible scientifiquement. C’est ici que le savant peut enfin se lever et parler : il se saisit de sa clef. La Science apparaît donc au moment même où a lieu cette première séparation. En vérité, elle est elle-même cette force prodigieuse permettant de dompter le chaos frénétique que rien ne contraignait avant le mur de Planck : la Science vient de déclencher une explosion vitale. Une prodigieuse lumière, jaillissant tel un big bang, éclairera désormais notre intelligence quant au monde physique, mais elle brûlera en revanche nos yeux quant au monde spirituel. La vie particulière est donc autorisée, et les différences vont s’éveiller, mais tout ce qui existe sera dorénavant soumis au puissant système de séparations de la Science, et tout sera réglementé par ses ingénieuses théories universelles. Enfin, avec l’homme surgira la conscience ; lorsque précisément il comprendra que ce sont les forces du savoir qui règnent. Des forces qu’il incarnera d’abord « grossièrement » en divinités mythiques avant d’en faire des doctrines, des lois, des vérités éternelles, puis enfin la déesse Science. Voilà pourquoi la physique est muette devant le mur de Planck, car étant fille de la Science, il lui faut attendre le premier geste de sa mère pour balbutier ; attendre que sa mère ait arraché l’espace-temps de la matière dans un cri d’explosion.

PAGES 12-13

Les savants et les Grecs renvoient donc tous les hommes dans l’orage sans fin du tohu-bohu ; tandis que les religions orientales les plongent plus avant, dans le néant de l’abîme infini qu’elles nomment béatitude. Ces derniers ont de ce fait l’idée la plus vicieuse qui soit ; car plus une conscience s’enfonce dans le vide, et plus l’écho de son histoire inachevée s’amplifie. En revanche, les nomades bibliques nous ont légué un avantage considérable, inégalable ! Ils ont perçu Dieu plus loin de nous que peut l’être l’éternité, et plus proche de nous que peut l’être notre propre mort. À tel point que l’Écriture révèle Dieu en le dissimulant, nous offrant alors un paradoxe insoutenable : plus l’homme assimile Dieu à l’immuabilité de l’éternité, plus il le perd ; et plus il règle sa vie sur une coordonnée certaine, plus il cesse de vivre. C’est précisément ce à quoi fait référence le premier mot de la Genèse, lequel est ainsi écrit en hébreu : « au commencement de ». Mais au commencement de quoi ?