Fiches élaborées par Dianitsa
Le livre de l’Apocalypse est une source majeure de symboles et d’images souvent utilisés pour exprimer les grandes réalités de l’Histoire et les bouleversements de l’humanité. Certains symboles génèrent une intense spéculation et excitent des interprétations prophétiques de toutes sortes.
La figure du Faux-Prophète, en tandem avec la Bête, semble incarner un puissant phénomène de séduction des hommes qui aboutira à leur mise en esclavage. Que faut-il penser de cette vision de la « fin des temps » et en quoi est-elle, le cas échéant, inspirée ?
La figure du Faux-Prophète, en tandem avec la Bête, semble incarner un puissant phénomène de séduction des hommes qui aboutira à leur mise en esclavage. Que faut-il penser de cette vision de la « fin des temps » et en quoi est-elle, le cas échéant, inspirée ?
- Le titre de prophète n’est pas sacré, non plus que ses écrits.
- Comment aborder des prophéties telles que celle du « nombre de la Bête » ?
- Systèmes de pensée (idéologies, religions, philosophies…) : un même « maître » et donc un même but.
- Ces systèmes de pensée sont des champions luttant sur un ring ; ils trouvent toujours plus fort qu’eux.
- Pourquoi l’Apocalypse a-t-il raté le véritable Faux-Prophétisme en train de s’installer sous nos yeux ?
- Sortir de l’homme ??!
- Le posthumanisme est éminemment religieux.
- Les noces de l’Occident et de l’Orient : le mâle rationaliste a enfin retrouvé sa femelle mystique.
- Hindo-bouddhisme et Logos.
- Le Christ et l’identité de l’homme.
- Devenir ou revenir ?
Proche du sujet :
Texte de Chestov, Darwin et la Bible [nouvel onglet]
Durée : 44min + 2h17
Date : 24 septembre 2020
Mots-Clefs : Identité ; L’Être ; Apocalypse ; Cyborg ; Logos ; Vouloir propre ; Homo Sapiens ; Fatigue de l’Homme ; Singularité ; Guarani ; N.B.I.C. ; Transhumanisme ; Posthumanisme ; E.M.C./E.C.M.
Références auteurs : Pierre Clastres ; Roger-Pol Droit ; Jean-Michel Besnier ; Gilbert Hottois ; Eduard Von Hartmann ; Julian Huxley ; John Desmond Bernal ; Jean-Michel Truong ; Günther Anders ; Raymond Kurzweil ; Alvin Toffler ; Régis Debray ; Claude Tresmontant
Date : 24 septembre 2020
Mots-Clefs : Identité ; L’Être ; Apocalypse ; Cyborg ; Logos ; Vouloir propre ; Homo Sapiens ; Fatigue de l’Homme ; Singularité ; Guarani ; N.B.I.C. ; Transhumanisme ; Posthumanisme ; E.M.C./E.C.M.
Références auteurs : Pierre Clastres ; Roger-Pol Droit ; Jean-Michel Besnier ; Gilbert Hottois ; Eduard Von Hartmann ; Julian Huxley ; John Desmond Bernal ; Jean-Michel Truong ; Günther Anders ; Raymond Kurzweil ; Alvin Toffler ; Régis Debray ; Claude Tresmontant
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Vers un christianisme sans église
Réponse à DoomBoy, sur le podcast illustré YT de cette causerie (voir lien (B) vers YT ci-dessus, sous le lecteur audio)
Votre questionnement est de toute évidence intelligent et sincère. Aussi, c’est avec plaisir que je vais y répondre.
Tout d’abord, je conçois que notre causerie est assez longue. De plus, il est vrai que notre propos ne se laisse pas embrasser du premier regard. Il mérite qu’on y revienne, longtemps, et souvent, puisqu’il s’agit de « lutter contre des évidences », pour reprendre le mot de Chestov, des évidences que nous chérissons souvent depuis fort longtemps, et qu’en plus, nous défendons grâce à la victorieuse Raison — la Reine du mensonge ! En plus, ce sont NOS vérités « claires et distinctes », pour reprendre Spinoza, parce qu’on croit souvent les avoir découvertes nous-mêmes, alors que nous les avons simplement gobées de la main même de celui dont nous nous persuadons nous libérer.
Notre naïveté est à se taper le cul dans une bassine. Nous avalons N’IMPORTE QUOI ! Et fièrement ! En développant la chose de manière quantique, philosophique, subtile, mathématique, spirituelle, historique… Et même en y ajoutant une p’tite expérience mystique, une p’tite vision, un p’tit jeûne ascétique illuminant, histoire de faire le gourou façon… Vous savez, ce gars qui est né dans la soie, à l’intérieur du petit cercle des dirigeants : famille de journalistes, d’académiciens, de hauts fonctionnaires, de faux artistes et faux aventuriers qui réussissent tout parce que le réseau est là, dès l’origine, à les promouvoir, etc. Ce gars qui porte le nom d’un alcool populaire et qui se fait passer pour un ponte du bouddhisme européen. Encore un qui a été fabriqué de toutes pièces. Je crois que 90% des choses sont fausses chez lui. C’est un Blavatsky, Besant, Krishnamurti, Kardec, Gandhi, Luther, Beatles, Presley, Dylan, Einstein d’aujourd’hui. Il a seulement été missionné pour faire tourner le truc : décrédibiliser ce qu’il faut décrédibiliser et offrir une énième nouveauté qui se doit d’être une nouveauté crédible, adapté. Tout lui est fabriqué d’ailleurs, tout lui est donné, d’un ailleurs que lui-même, et lui ne produit rien, étant fondamentalement un ignorant des choses qu’il présente. Il n’en est que la vitrine admirablement bien léchée. Et nous, nous avalons — TOUT !
C’est pourquoi, disais-je, je comprends fort bien que quelqu’un qui découvre notre propos puisse facilement rater des choses essentielles, même si elles sont dites ; ou encore, qu’il ne saisisse pas tout à fait et correctement certains éléments. Car assurément, ce dont nous parlons est en réalité, uniquement et seulement susceptible d’être domestiqué par la parabole. C’est-à-dire, par un acte d’adhésion qui n’est pas raisonnable et, c’est certain, plus proche de la folie — certains appellent cela « la foi ». Car je ne veux pas d’un « dieu », ou d’une « vérité » qu’on puisse comprendre !
Qu’il (le dieu, la vérité…) puisse être compris, c’est selon moi, précisément ce qui le disqualifie d’être ce qu’il prétend être. À moins, bien sûr, qu’il le soit, réellement, mais que la personne qui dit ou clame « le comprendre » l’habille simplement d’un vêtement compréhensible (j’ai été de ceux-là une bonne dizaine d’années). C’est-à-dire qu’il le subvertit ! En ce cas, la Relation entre les deux, entre le dieu et celui qui s’en sert, cette Relation peut marcher, un temps… Le mystère est tolérant et patient — papa & maman sont patients envers leur enfant. Mais quand sa patience cesse, quand à 40 ans on est encore l’enfant accroché à ses parents et à sa chambre d’enfant, alors, le dieu (ou la vérité, appelez-le comme vous voulez) provoque notre chute ! Et heureusement, car ceux qui ne chutent jamais sont ceux pour qui la chute même ne peut plus rien. Par la chute, celui qui avait habillé son dieu, sa vérité, avec un faux visage, avec le vêtement qu’il voulait que porte son dieu, par la chute, cet ancien couturier des dieux ne voit plus soudain en son dieu, ou en sa vérité (appelez-le comme vous voulez) — qu’un Guignol. Un Guignol qu’il a fabriqué. Un Guignol conduisant des enfants de guignol, dont il fait partie. Tandis, que le dieu ou la vérité, depuis fort longtemps, n’est déjà plus là.
Bref, quand je dis « ne pas être compris », à propos du mystère dans lequel vit le « divin », la « vérité », etc. Je ne dis pas qu’il vit dans la gnose, ni dans le mysticisme. Ces deux-là, gnose ou mysticisme, sont la monnaie du pauvre, la monnaie de ceux qui veulent avoir la foi — sans la foi. Ceux qui veulent faire semblant d’avoir l’audace de « suivre leur vérité sans savoir où elle les mène », mais qui, en vérité, sont totalement incapables d’accepter un tel déséquilibre dans leur vie. Alors, ils se fabriquent une foi en plastique, ils simulent un mystère qu’ils appellent Gnose, Théosophie, Expérience avec l’Un, Illumination contemplative, etc. Soit donc, quand je dis que le dieu, la vérité… « ne peut pas être compris », comprenez bien que je dis cela : dans un Absolu. Par conséquent, je dis, « ne peut pas être compris » : ni par la raison, ni par la gnose, ni par une quelconque extase, ravissement ou illuminisme de l’ascèse, c’est-à-dire par aucun état modifié de conscience et par aucune haute connaissance qu’offre la raison.
Par le vide alors ?
Non plus, assurément. Le vide ou l’absence est certes le premier ressenti de ce cheminement, mais s’y réfugier définitivement, c’est en réalité faire du « non » le dieu. C’est croire au « dieu-Non ». Car, par cette absence, par ce « dieu-Non », on reste encore quelque peu proche de ce qu’on était. On entend encore le « non-divin à l’existence déterminée, temporelle et individuelle ». C’est-à-dire qu’en laissant le dieu nier le souvenir, on rappelle encore le souvenir pour le nier. Il n’est pas vraiment nié, du coup. Et pour le puriste, ce dieu-Non là n’est pas encore le dieu.
Pour le puriste du « dieu-Non », il faut toujours élever le « non » ou le « a ablatif » au niveau le plus haut qui soit, afin de quitter réellement le monde empirique de la matière déterminée, du devenir, de l’ego… patati patata. Il faut faire de la divinité un « *non* au-delà de son non ». On va donc aussi fabriquer un dieu qui est un « non du non ». Et ainsi de suite, puisque même ce « non du non » ne suffira pas à clore le problème. Ce sont des notions qu’on retrouve dans l’hindouisme (nirguna et saguna brahman), dans le bouddhisme (vacuité absolue et non-vacuité), dans le taoïsme (être et non-être), dans le confucianisme (wu chi et t’ai chi). Un philosophe taoïste (Chuang Tzû) a même fabriqué le concept de « Non-Non-Non-Être ». Chuang Tzû croit arriver au bout, mais il se trompe.
1 - Dieu est celui qui nie l’existence temporelle (non-Être). Parce que l’existence dans le temps est un malheur. Être quelqu’un, l’Un-dividu, c’est un malheur. Dieu est la libération de ce malheur.
2 - Hélas. Dieu est ici celui qui est « à condition d’être celui qui nie ». Oups ! Y’a un blème ! Il faut vite nier cette condition, car il n’est pas possible que dieu soit « conditionné » comme le sont les êtres dans le temps, par le dualisme notamment. Et paf ! on colle une seconde négation au dieu pour le purifier d’être conditionné : non non-Être.
3 - Ouf ! on a enfin ici un dieu « Inconditionné ». Un beau p’tit Absolu. Ça brille de chez Mr Propre super nettoyant. Une indifférenciation totale.
Mais… merde alors ! On a quand même « la condition d’être inconditionné ». Dieu est limité par une condition ! Malheur. Il est limité par le fait de devoir être « inconditionné ». Vite, vite, un autre « non » : Non au Non non-Être.
Vous voyez bien que par ce petit jeu, c’est un « non » sans fin qu’il faut mettre, en vérité. Le repos ne vient jamais. Un tel dieu ne peut exister. Il n’est que le summum de la construction de la Raison pour qui RIEN hors du général ne peut être. Seul le Général est. C’est-à-dire que rien n’est hors moi, le rien, affirme la Raison. Le taoïsme s’arrête donc à sa triple négation, pensant que cela suffit, comme ailleurs ils pensent avoir atteint le fond avec le brahman sous sa double forme (dvirûpa brahma) ou avec la Vacuité absolue résolvant la relative vacuité… Ils pensent ainsi avoir enfin créé ce monde quantique du Néant absolu. Et je vous passe les mêmes notions qu’on retrouve dans la kabbale (ein-sof) qui croit aussi aux réincarnations, ou avec la négativité active suressentielle et surabondante de la mystique rhénane, ou encore avec le rien-tout-Infini de l’Un-barré plotinien dont savait si bien parler Cazenave. Toujours le même grand baratin (maha-baratin) : obtenir dieu par purification des Individus, eux qui « ont commis un grand crime en osant acquérir une existence individuelle » disait déjà Anaximandre.
Soit donc, récapitulons.
Je parlais de dieu ou de la vérité (appelez-le comme vous voulez) de la façon suivante :
1 - Comme d’une « lutte contre les évidences » ;
2 - Comme de la seule parabole à laquelle se référer pour en parler ;
3 - Comme de ce fait qui est propre au divin : « ne pas être compris » ;
4 - Et enfin, que la vacuité même échoue à le saisir ou à parler de lui.
Il ne reste finalement qu’une chose. Le mystère ne peut être compris que d’une seule manière. Par l’existentialisme. Quoi ?
C’est-à-dire qu’il faut — « soi-même le devenir » !
Dieu n’existera que si je le deviens.
Or, ce devenir-là est impossible.
C’est-à-dire qu’il n’existe pas ici-bas et ne veut pas exister ici-bas. Il ne veut pas être de ce monde, mais en sortir. Il ne veut pas changer LE monde, mais changer DE monde. Il est littéralement une Utopie. Un autre lieu. C’est là le cœur de notre discours.
Et l’allégorie de l’embryon est une des meilleures représentations de cela. La réalité de l’embryon est telle qu’il lui est totalement impossible de saisir la réalité des parents, et de plus, il ne peut la saisir qu’à la condition de mourir à l’embryon qu’il est. De sortir ! Enfin, si le parent parvenait à se faire entendre de lui, voire même à venir dans sa réalité pour lui parler, l’embryon ne pourrait réellement saisir son propos. Ou bien, il devrait le suivre « sans savoir où il va » ; ou bien, s’il forçait une compréhension de l’autre réalité dont il entend parler, s’il parvenait à forcer, hic et nunc, une compréhension de l’autre réalité dont il entend parler, il serait obligé de subvertir cette autre réalité et le dieu lui-même — parce qu’il ne peut les penser qu’avec la pensée de l’embryon qu’il est. C’est existentiel. C’est incontournable. Le dieu lui dirait, par conséquent : « Aie foi, contre les évidences, contre les preuves, et contre la raison. Et si tu en veux plus, en termes de compréhension : Deviens moi ! Mais non en tant que fusion dans le Tout. Deviens moi, réellement ! En tant que l’anti-Tout. Sois l’Un comme je suis l’Un ; c’est-à-dire : Sois l’Un-dividu ! Sois un homme dont le nom est unique. »
C’est précisément et uniquement de cette manière-là que nous suivons et vivons le Christ. Tout ce qui, dans le personnage christique, est hors de cela, est d’après nous un rajout. Un rajout des guignols ou du diabolique (appelez-le comme vous voulez), mais c’est un rajout subversif. C’est-à-dire que nous considérons qu’une certaine partie du personnage historique du « Christ » est un faux vêtement, une certaine partie de son visage, un faux visage. Nous l’avons donc déshabillé. D’abord du phénomène ecclésiastique, d’où « akklésia », puis même de sa judéité. Nous l’avons déshabillé d’une partie de son histoire, mais d’une partie, et non pas de toute l’histoire. Car nous croyons à son existence historique même s’il faut accepter que celle-ci ne se trouve qu’en filigrane dans le texte du Nouveau Testament.
Et pourquoi le déshabiller de sa judéité ?
Eh quoi ? Est-ce qu’il existe un concept à la fois —« de ce monde » et —« qui veut changer le monde », qui soit plus grand que le judaïsme ? Il n’en existe aucun. Hormis bien sûr la Science dont le judaïsme n’est que l’application « religieuse » la plus pertinente, notamment par le dogme de l’expiation et sa possibilité d’amalgamer en lui des bribes de « vérités » qui ont été trouvées ailleurs. Le Christ a donc été subverti par le pire guignol d’entre tous, celui qui joue le mieux la comédie : le messianisme davidique. Quelle étrangeté ! Mais ce n’est pas le lieu d’ouvrir ce chapitre, somme toute moins surprenant qu’on le croit puisque : « À malin, malin et demi ! »
Je continue.
Que signifie « Le Devenir » ? C’est mourir à un homme (homo sapiens, homme de la raison ou homme de l’harmonie universelle, appelez-le comme vous voulez) pour devenir un autre-Homme. Certain appellent cela le transhumanisme. Le Christ appela cela le « fils de l’homme ». C’est un homme qui vient après l’homme, mais qui n’est pas une rupture d’avec l’homme qu’il est. C’est un homme qui naît de l’homme – ce premier homme étant sa forme embryonnaire –, mais d’un homme qui s’est abreuvé du sang d’un dieu !
Par conséquent, nous disons que le transhumanisme n’est pas le problème. Le transhumanisme est même le but. Quel est le problème ? Il y en a deux. Ou, plus exactement, il se duplique ou se réalise selon deux pôles.
1.
Le premier pôle est dans la méthode, dans l’outil, dans l’énergie utilisée. Dans la manière d’atteindre ce transhumanisme.
Et c’est ici que se trouve la vieille allégorie de l’Arbre du Bien et du Mal, dans le livre de la Genèse, chapitre 3, dans l’Ancien Testament. Le serpent dit : « Si tu manges de ce fruit, tu seras comme Dieu ». Il a absolument raison ! Il voit très précisément le but et le sens de la vie. Mais… Le moyen qu’il offre est faux, très gravement erroné. Comment peut-il offrir un autre moyen ? Il ne le peut pas. Il représente la Raison, la Science, la dualité inhérente à cette réalité. Donc, il offre comme moyen de connaître cette réalité et de la transformer rien de plus que ce qu’il est et ce qu’il a. Il n’a pas d’autres moyens. Il ne peut que transformer la matière par les lois de la matière.
Nous sommes ici, très précisément dans le Transhumanisme tel qu’il est présenté de nos jours par les NBIC. Une modification de la matière. Comment faire mieux lorsqu’on a comme seul interlocuteur le serpent lâche de la Raison ? Lorsque la lumière de la Raison est devenue le Dieu à l’autel duquel on offre tout. Impossible de faire mieux. Néanmoins, et, au moins ! c’est courageux. Car il y a là, d’abord, un véritable discernement du sens de la vie, et ensuite, une certaine audace à aller jusqu’au bout de sa conviction.
Mais bien sûr, la finalité reste totalement diabolique. On ne peut toucher au CORPS comme cela. C’est une ligne qui est indépassable. De plus, le mystère de la conscience demeure et constitue la seconde ligne indépassable. De fait, le transhumanisme, ainsi convoqué, par le dieu-science-et-raison, est À COUP SÛR — la fin de l’homme. Sa disparition.
2.
Quel est le second pôle ?
Il est plus grave. Beaucoup plus grave. Parce que plus subtil et bien moins terre-à-terre.
C’est dans le fait de rejeter ce but qu’est la « divinisation de l’homme ». Ou plus exactement de le contourner. Comment ? En parlant d’une fusion avec le Tout. C’est-à-dire qu’ici, on procède généralement par les deux étapes suivantes :
A — On refuse d’assumer pleinement l’Un-dividu, son autonomie, sa liberté et son corps. On refuse donc la matière, la liberté, le devenir, la multiplicité, la détermination, la temporalité, la naissance, etc. On refuse l’Âme en vérité.
Car l’âme, c’est le corps, c’est l’incarnation de l’être. Cette incarnation est encore embryonnaire, certes, soumise à une dualité, à la Nature, à des lois… Elle n’a pas encore atteint sa réelle autonomie, sa puissante liberté, elle n’en a que les prémices, dans le cadre de la Raison, tout comme on ne donne pas à un enfant sa pleine liberté.
Mais néanmoins, elle est là. Potentiellement !
Et si cette incarnation matérielle avorte, si elle ne naît pas, c’est-à-dire que si elle n’atteint pas sa pleine puissance, sa divinité. Si elle meurt. Si elle ne s’incarne pas dans un au-delà de la Raison, devenant maître des lois, du temps et de l’espace… Alors elle ne retourne pas à ce qu’elle était. Non. Elle devient une conscience désincarnée ! Soit donc, elle existe sans pouvoir exister. Elle vit sa mort disait Kierkegaard.
Or, de même que le corps est donné pour tendre vers une divinisation, en mourant et ressuscitant au-delà des lois, pareillement, la conscience est donnée dans le but de mourir et de connaître une résurrection de même type — divinisante !
Or, de même que le corps peut mourir sans connaître sa résurrection vers une corporéité divine, pareillement, la conscience peut ne pas connaître sa résurrection en tant qu’esprit qui se manifeste par un corps dont la matière est divine. Dans ce cas, la conscience demeure figée comme un insecte fossilisé dans l’ambre. Vivant, sans fin, et en silence, son histoire, à laquelle elle ne peut donner aucune suite, ni connaître aucune récompense pour ses vertus, ni subir aucune condamnation pour réparer ses fautes, ni même se réincarner pour tenter cette réparation. Comment voulez-vous donc appeler une telle situation où ni dieu, ni le diabolique ne sont présents ? Je n’ai pas d’autre terme que le Vide. Je crois qu’ailleurs on parle de Nirvana, ou de Shabbat, etc. Bref, l’enfer est protéiforme, qui ne sait pas cela ?
Dans cette première étape de la seconde manière problématique de considérer la finalité de l’homme, on a donc défini l’ENNEMI. C’est la matière, la naissance, l’incarnation. L’Un-dividu !
B — La seconde étape pour cette religion-là est fort simple. On définit le Bien, le paradis, le salut, la libération… Voici, ce sera justement Celui qui était gérant de la matière, du devenir, de la Nature où la dualité paraît. Le Dieu de l’ici-bas. Celui qui gère et règne sur les phénomènes, ou la maya si vous préférez. C’est la Raison. Le Grand copain, le Dieu, le champion des matérialistes et des transhumanistes. Les pires ennemis, pourtant, de cette religion de la non-existence. N’est-ce pas étrange ?
Mais pourquoi choisir la Raison ?
Parce qu’ils n’ont pas le choix. Seule la Raison tient — en exclusivité — l’idée du Tout et de l’harmonie comme racine de la vie, comme étant possesseur du secret des « commencements et des fins ». Car la Raison, c’est du Général, du Tout, en essence. Elle n’a de repos que lorsqu’elle est une information infinie sur papier, sans jamais s’incarner dans un devenir. Elle hait le mouvement et adore le statique. Une équation posée est pour elle une gloire. Et les équations à l’infini, manifestant l’harmonie parfaite de toutes les vérités — c’est Dieu. C’est elle. C’est la vie selon l’information à laquelle la vie devrait se soumettre si elle apparaissait. Inutile donc de la faire apparaître. Elle est là, déjà, dans l’information, dans le Tout. En elle. Dans la sublime raison avec ses vérités nécessaires, juste parfaites, exactes et sans la moindre erreur. Et avec ses deux sœurs : la Nécessité et la Mort.
Enfin, pourquoi la Raison ?
Parce que une fois l’Un-dividu, la naissance et le devenir abolis, il faut bien un LIEU où recueillir celui qu’on a libéré de cette maudite incarnation. Ce sera dans le Tout, celui-là même qu’on ne trouve que dans la Raison. Un tout où il n’y a Rien. Car l’existence ne peut avoir lieu ! Ou plutôt, elle ne peut qu’être holistique, dans une fusion absolue avec une tête divine qui est seule à avoir pouvoir de décision.
La liberté individuelle ne peut exister, ce serait risquer de nouveau le chaos, le mal, le devenir, le changeant, l’inattendu, et surtout de l’espace et du temps. Car un être libre veut son espace-temps — son corps en somme. Son royaume. La fusion dans l’Un est donc une chimère d’existence. Là-bas, on ne peut exister. Sinon, comme un chiffre dans l’information originelle qui elle-même se refuse à toute incarnation. Elle n’est que vide de vide, de vide… à l’infini. Mathématique. Et chaque conscience désincarnée n’est là-bas qu’un chiffre. Elles peuvent fort bien imaginer, le pire comme le meilleur, mais jamais elle ne peuvent exister. Et si elles imaginent, il faut surtout le faire dans l’absolu silence et dans l’absolu vide de ce monde parfait où rien ne peut plus jamais se mouvoir, se dire, s’entendre. Car TOUT est déjà fait, dit et entendu, dans cette perfection de l’information originelle de l’harmonie universelle.
Conclusion première
Les transhumanistes veulent diviniser l’homme en manipulant les lois de la matière, dans une sorte de collaboration pragmatique avec la Raison. Ils veulent continuer d’entrer dans l’appel de la vie, mais ils se brûlent les ailes parce qu’ils ne croient pas à l’Impossible, parce qu’ils se confient aux seuls possibles que sont les lois de l’harmonie universelle que manifestent la science et la ratio.
Tandis que les seconds ont décidé de rebrousser chemin. Ils ont décidé de revenir directement sur le sein de la mère, ou dans les testicules du père si vous préférez. Dans le cœur de l’harmonie universelle qui est ici-bas manifestée par la science et la ratio, et qui est là-bas manifestée par la non-existence d’une vacuité absolue.
Les transhumanistes tombent parce qu’ils croient que la Nécessité des lois est uniquement une gestion de la matière. Et les seconds tombent parce qu’ils croient que la Nécessité des lois est la gestion du cycle Unité-Multiplicité qui finalement ramène tout au-delà, une espèce d’Inconnaissable Absolu qui absorbe et fige tout dans une sorte de béatitude désincarnée autant que fantasmagorique.
Les transhumanistes laissent une certaine marge parce qu’ils conservent l’individu bien qu’ils finissent par le tuer en le chosifiant. Tandis que les seconds ne laissent plus aucune marge puisque le meurtre de l’individu est leur salut.
Enfin, il y a toute une gamme de positions entre les deux. Car les cas extrêmes sont rares. C’est plutôt un amalgame des deux, à différentes proportions et selon différentes cultures et types d’imagination, qu’on trouve.
Conclusion
Il me semble avoir pas mal répondu concernant notre rapport avec le Christ. Quant aux différents narratifs évangéliques, sachez que je trouve de moindre importance qu’on croie à la transfiguration, à la naissance virginale ou aux miracles. Le significatif, c’est qu’il n’existe qu’Un seul personnage dans l’Histoire qui soit venu dire le propos que je viens de synthétiser ci-dessus. Et il a mis 3 jours. Il a eu un corps, il a existé, puis il est mort, puis il a affirmé le corps au-delà de tout, en se relevant et en laissant son tombeau vide. Tout ce qu’on rajoute à cela peut avoir une utilité, mais non fondamentale.
Lorsque je dis qu’il n’existe qu’un seul personnage dans l’Histoire, je fais abstraction du polythéisme, qui a abondamment dit et redit cela, mais lui, en restant allégorique. C’est-à-dire, non dans la réalité historique. De fait, je considère le Christ assez proche du polythéisme, de par cette divinisation des individus qui est le cœur de son discours, de par cette volonté de voir des fils de l’homme devenir des dieux. Tandis que le monothéisme, lui, en est très éloigné, n’étant, lui, que l’avant-propos de l’universalisme, qu’il soit le transhumanisme universalisant, ou le monisme par absorption de tous dans l’Un impersonnel.
Je pense aussi avoir bien signifié que la gnose était une fausse piste. La piste à suivre est l’allégorie et surtout, le cas par cas. Certains ont besoin de miracles, car trop infantiles, d’autres de sagesse et de preuves logiques, car trop riches de leur illumination raisonnable. Les pauvres, eux, ne veulent que la foi et surtout une histoire qui conte le rêve qu’ils embrassent concrètement en eux-mêmes. Devenir un homme. C’est-à-dire celui devant qui même le temps et l’espace se soumettent, non pas disparaissent, mais se soumettent. Car un homme est celui qui vit en présence de la mort comme en présence d’une servante, et non en absence d’elle, de même qu’il vit en présence de la vie et non en absence d’elle. Car le temps de cet homme-là ne s’est pas figé, mais il est possible de jeter certaines de ses pages dans la mort. Arbitrairement, puisqu’être un homme, c’est être libre. Le pardon n’est pas ailleurs qu’ici.
Quant à l’anarchisme. Certes, c’est un premier pas toujours fort intéressant, pour autant qu’il soit bien considéré comme une Utopie. Le politiser ou l’incarner, c’est le trahir. C’est donc d’abord le fait absolument christique de vouloir être soi-même l’arkê, le commencement. Or, celui qui n’a plus d’arkê, plus de Père, a assurément beaucoup de frères, car il est fils d’un père qui ne l’est plus.
Bien à vous,
Ivsan Otets.
PS : Pour mieux comprendre notre démarche ›› https://www.akklesia.eu/index.php/post/Fils-de-l-Homme