Vous retrouverez sur la page de présentation de l’auteur deux documents sonores dans lesquels on peut entendre Jacques ELLUL s’exprimer sur des sujets divers :
DERNIERS COMMENTAIRES
& Suite et fin des causeries précédentes sur le thème : « À propos du Christ »
1 — Le mercredi 26 novembre 2014, 10:47 par Thamis.
Un Chef-d’œuvre, la cerise sur le gâteau .Encore Bravo.
2 — Le mercredi 26 novembre 2014, 15:00 par Bruno
Lorsque on est éveillé à toute cette dimension, on pourrait se poser la question : Comment se fait-il que peu d'hommes ne soient rentrés dans cette perspective ? Même si je ressens une certaine vérité, je suis encore descendu plus encore dans la profondeur de mon trouble existentiel. J’en demeure pas moins avec Christ mais j’ai l’impression que l’on rentre par rapport à nos relations surtout chrétienne dans une forme d’autisme tellement ce christianisme est subtile et complexe.Je suis déçu, je m'attendais quand même au retour du Christ , à une fin des temps et un retour du Christ vainqueur, à un millenium. Il va me falloir un peu de temps pour digérer cela dans la prière.
3 — Le jeudi 27 novembre 2014, 08:01 par Bruno
Afin d'éviter les redondances, j'ai lu pas mal de choses sur ton site et il est vrai qu'il y a énormément d'élément de réponse. J'ai relevé 2 excellents textes dans le forum d'Ivsan en autre qui m'aide à saisir tout ton cheminement et d'y voir de plus en plus clair
« C'est de trouver dans cette religiosité un chemin de compromis entre la loi et la foi, entre la raison et la déraison, entre le froid et le chaud : c'est de tomber dans la tiédeur.J'ai dans un premier temps jeté avec violence ma Bible à la corbeille, et j'étais tout prêt, comme on dit, à jeter l'eau du bain, l'ekklésia, la théologie, la morale…, avec le bébé, la foi en Christ ! Ce fut pour moi une porte absolument imprévisible et invisible qui s'ouvrit lorsque je compris que je ne savais pas lire. Vraiment pas. Je n'avais en vérité jamais lu la Bible, je n'avais jamais entendu le Christ. Tout ce qui me rattachait à Lui n'avait été finalement qu'un premier geste de cœur durant lequel je m'étais jeté dans ses bras, mais pour ensuite ne trouver qu'un succédané du Christ : un christ de Noël, de Pâques, ecclésiastique, citoyen, sage, poli, conformiste, etc., etc. Un christ qui se transformait, petit à petit, de manière indolore, de façon rusée et très intelligemment, en un faux-christ. Un christ que j'entendais de plus en plus à la manière grecque : par l'évidence. Soit par les évidences de la pure logique théologique, soit par les évidences de l'expérience mystique. Les deux faces d'une même pièce. J'étais Athénien, et trop athénien ; humain, trop humain. J'étais devenu un religieux. J'ai donc crucifié ce bon vieux terreux tout en remettant en question l'arbre du bien et du mal ; et ainsi, je me suis retrouvé sans repères pour expliquer le texte. Je n'avais plus d'oreilles ! Elles ont repoussé au fur et à mesure que je lisais le texte sans y boire son encre, en cherchant ce qu'il ne dit pas. Comme si ma surdité se guérissait dès l'instant où je la reconnaissais. »
« De faire par exemple de l'Église le corps de la vérité, ou de faire du « Jésus de l'histoire » le chemin idéologique de la vérité, etc. Et qu'est-ce que la révélation du « oui » ? C'est d'aller au-delà des extrêmes et de leurs tièdes compromis. C'est de basculer dans la foi, de partir « sans savoir où l'on va », de devenir adogmatique, irréligieux : de suivre le Christ en somme, c'est-à-dire l'Incognito qu'Il est. Sa présence, c'est son absence et « qu'on ne nous reproche pas notre manque de clarté, nous en faisons profession ». Heureux celui qui parle en paraboles. »
4 — Le jeudi 27 novembre 2014, 08:40 par Bruno
J'avais oublié, après une bonne partie de la nuit à lire et à méditer tes textes a surgit de mon esprit le nom de "Ivsan le terrible". Cela ressemble étrangement à un Tsar du XVe siècle mais sans aucun rapport avec toi dans sa brutalité bestiale.Mais néanmoins, dans ma vision il y avait une analogie : Ivsan « le terrible » avait une fâcheuse manière de surgir en pleine nuit d'hiver lorsque la personne était bien endormie dans sa couette bien chaude, afin de l’éjecter hors de son lit et de sa maison dans un froid saisissant et glaciale . Faite l’expérience, peu vont aimer, mais d’autres vont se vivifier, reprendre des couleurs, et se froid va mettre en éveil la Vie. Il y a là un choix : soit regagner sa couche dans le petit confort de cette vie ou laisser Christ vous revêtir de sa présence chaleureuse.
5 — Le vendredi 28 novembre 2014, 21:27 par Thamis.
Bon, finalement, celui qui est donc maître de sa réalité est...Le ressuscité, est t'il donc déjà parmi nous vivant ?...
6 — Le mercredi 10 juin 2015, 17:43 par Pierre
Si on dit qu´il y a autant de royaumes des cieux que de ressuscités et que le ressuscité est le fils de l´Homme, qui sera l´égal à l´Homme (Dieu) ne permet-il pas de relier l´Homme en devenir comme étant l´Homme (dieu) de son royaume (Univers).Dieu a besoin de puiser dans la matière (Terre) pour créer de la pensée. Pensée qui créera à son tour d´autres univers lors de sa résurrection ?Possible explication de l´infini ?
7 — Le mercredi 10 juin 2015, 23:41 par dianitsa
Je vois que vous commentez l'une des déclarations qui se trouvent sous le bandeau supérieur... Celle qui identifie le Royaume des cieux à la vie ressuscitée de l'individu. Mais je ne saisis pas très bien toute votre réflexion car il me semble que deux phrases se télescopent au début de votre commentaire, entre "Si on dit" et "(Univers)." Je ne suis pas sûre s'il s'agit d'une ou de plusieurs questions.
Si cela ne vous dérange pas, pourriez-vous nous éclairer un peu plus sur votre partage et expliciter votre commentaire ? Je comprends que lorsqu'on a une intuition, une idée — quand on est lancé sur une piste de réflexion — on a tendance à essayer de suivre le rythme fulgurant de la pensée ! et à ne pas s'attarder sur les balises d'une démonstration. Mais nous avons avons besoin de quelques éléments de repère pour vous suivre dans votre amorce.
Il me semble que vous abordez la question "pratique", réelle, tangible de la résurrection en la reliant à la question de la création (création par Dieu d'un individu qui va à son tour créer un univers en devenant un Fils de l'homme, c'est-à-dire un "Autre" homme ayant la nature de Dieu).
Vous parlez également de matière (la Terre, la pensée et les univers) et d'une continuité de cette matière dans l'idée d'infini, ainsi que d'une médiation (?), je suppose celle du Christ ("le Ressuscité"). Est-ce bien cela ?
8 — Le jeudi 11 juin 2015, 09:20 par Pierre
Vous avez raison sur la confusion de mon propos.La pensée que je voulais exprimer est la suivante :Si l´on pense que l´on sera ressuscité en tant que Fils de l´Homme, ce qui signifiera Homme en devenir et que Dieu nous a créé à son image et qu´il y a autant de royaumes des cieux que de Fils de l´Homme, cela signifiera que notre devenir est celui de Dieu.Dieu (ESPRIT-Intangible-non matériel) a besoin de créer de la matière (univers) comme support de nouveaux esprits (homme) afin de « produire » du Fils de l´Homme (après la résurrection) qui in fine créera de nouveaux ESPRITS qui a leur tour créera de la matière (univers).C´est une structure exponentielle et qui a une composante d´infinité et qui rapproche le fait que la matière est le fait de l´immatériel.Mon propos est quand même tarabiscoté mais c´est une pensée qui m´est venue en vous lisant et écoutant (ce qui est très enrichissant, je vous remercie pour cela)
9 — Le jeudi 11 juin 2015, 19:01 par Ivsan
Merci, je vous répondrai dans les jours à venir.
…/
10 — Le jeudi 18 juin 2015, 02:31 par Ivsan
Merci pour votre commentaire et l'intérêt que vous portez à nos causeries. J'ai attentivement lu votre remarque et je vais essayer de rebondir dessus pour m'exprimer à mon tour.
Que « le devenir des fils de l'homme soit celui de Dieu », c'est en effet dans la ligne de ce que nous disons. Ou plutôt : c'est parce que Dieu est en devenir que les fils de l'homme le sont aussi. C'est parce que Dieu est subjectif que nous le sommes. Or, le propre de l'existence d'un sujet, de la subjectivité, a contrario de celle d'un objet ou de l'objectivité d'une loi, c'est d'être en devenir et dans une possibilité de devenir.
Un vase ne sera jamais en devenir. Il restera toujours un vase. Et si un homme l'utilise pour différentes fonctions, même totalement opposées, cette modification apparente de l'objet est justement une représentation, une allégorie du devenir que porte l'individu dans son intériorité. L'Individu fait subir à l'objet une sorte de brisement de son immuabilité. Il attaque son inertie et son impossibilité de devenir. Parce que lui, le sujet, n'est pas enfermé dans l'immuabilité et l'inertie qui est propre à l'objet. Et lorsque l'individu cherche à modifier une loi et l'objectivité de la Vérité que porte cette loi, il fait pareillement subir à cette loi une attaque venue d'un autre monde pour cette loi — un monde qu'elle ne connaît pas : celui de l'Être. L'individu attaque en quelque sorte la réalité objective de la loi, de la vérité gravée sur pierre. Il l'attaque avec sa propre réalité d'être-existant pour qui la Vérité est la subjectivité avant tout.
L'objet ne connaît qu'une seule sorte de devenir : la mort. Sa mort, c'est sa fragmentation — sa division. Il est dispersé afin que ses atomes se mêlent à d'autres atomes venus d'autres objets, eux aussi morts. C'est ainsi que la fabrication d'un nouvel objet peut avoir lieu. C'est-à-dire que lorsqu'un objet meurt, il n'existe plus et n'existera absolument plus jamais. Sa seule consolation réside dans le fait que quelques atomes dispersés de lui puissent être utilisés pour la fabrication d'un nouvel objet. Ainsi peut-il croire qu'il « existera » encore un jour dans cette nouvelle cohabitation, dans ce nouvel objet. En réalité, ce ne sont que ses atomes dispersés qui existeront encore, mais lui, il n'existera plus. Sinon, il peut espérer que par ce procédé de recomposition et de cohabitations d'atomes une copie de ce qu'il a été soit reconstituée. Et il peut aujourd'hui chanter à tue-tête en regardant cette espérance d'exister de nouveau, cette espérance d'Éternité — mais il se trompe. La copie existe, et elle aussi se détruite un jour, et quant à lui, il n'existera plus.
En vérité, l'objet ne s'appartient pas. Il appartient à un Grand-Tout-Fabricateur. Il appartient à des lois qui jonglent avec des atomes pour fabriquer des objets animés qui sont placés dans de l'espace et du temps — ce que nous, nous appelons la vie. L'objet appartient en fait à un Processus. Un processus qui lui est immuable, disons-nous. Un processus que l'homme appelle tantôt la Science, les Lois, l'Univers ou encore Dieu. Ce processus, c'est l'objet en-soi dirait Kant, dans ce qu'il est en essence ; c'est l'Un-immatériel dirait l'hindouiste ou le bouddhiste ; c'est la Torah divine dirait le judaïsme. De là la confusion avec l'idée que la Vérité dernière est immatérielle, absolument immatérielle, et que la matérialité est en somme le péché par excellence. Une pensée que les Grecs adoraient d'ailleurs. De là encore l'idée qu'une Incarnation de Dieu, qu'une incarnation de l'Esprit est le pire des blasphèmes puisque selon cette théorie, Dieu serait totalement étranger à la matérialité et que l'Esprit serait la pure immatérialité.
En réalité, il en est tout autrement. Le diabolique, c'est l'objectivité et l'immuabilité ; il est une vérité éternelle, immuable, irréductible et qu'on ne peut questionner. Or, cette Vérité ne supporte pas la moindre matérialité. Pourquoi ? Parce que la matérialité porte en elle l'idée et l'allégorie du Devenir, du mouvement. De cette liberté de mourir et de naître. Bien plus — la matérialité apporte cette folie scandaleuse par laquelle l'individu envisage de s'appartenir tellement à soi-même qu'il puisse avoir l'infini des possibles sur le processus de vie et de mort que sont précisément les lois et leur immuabilité. La matérialité apporte avec elle cette folie de la Résurrection.
Soit donc, la matérialité suppose une mise en question des lois. La matérialité est une mise en question sous-jacente de cette objectivité invisible qu'est cet « en-soi » du processus des loi qui tient justement l'objet — et donc le corps aussi — sous son hégémonie, sous sa royauté, sous son immuabilité. La matérialité, avec son mouvement, sa vie et son existence entraînent inévitablement l'Individu vers une mise en question de la science, des dieux, de ces Invisibles-éternels — de la Vérité en somme. La matérialité porte en elle un murmure blasphématoire à l'oreille de la Loi. Car elle lui murmure la chose suivante : Je suis contre toi car Je suis l'a-vérité. Les Grecs et avec eux toutes les religions ont raison : la matérialité, c'est LE PÉCHÉ !
Qu'est-ce que la matérialité « en-soi » justement ? C'est l'Être-existant, c'est-à-dire l'Esprit. Il est l'Insoumis à la vérité des Lois, l'insoumis à l'immatérialité, d'abord ; puis ensuite il est l'insoumis à cette matérialité que nous connaissons, celle qui, en gestation ici-bas est encore soumise aux lois immatérielles. D'où sa souffrance. Notre souffrance ne provient pas de notre matérialité, de notre corps (cf. Platon…), mais de l'hégémonie des invisibles à l'encontre de notre vie, de notre réalité, de nos corps : de la Toute-Puissance des vérités immatérielles sur notre vouloir. C'est-à-dire que l'Esprit est la matérialité enfin Anoblie — c'est la matérialité enfin couronnée. De là nous est-il impossible de comprendre Sa réalité. La vie y est là-bas tellement exaltée que nous ne pouvons comprendre que l'Être puisse être cette matérialité, cette corporalité aussi libre à l'égard de la Vérité logique, laquelle est pour nous absolument immuable, incontournable et indépassable.
Soit donc, qu'un Être-existant pour qui la Vérité est la subjectivité… qu'un Être-existant pour qui son existence avec sa matérialisation et son mouvement sont la Vérité… que cet Être-existant surgisse, et voici que sonne le glas — le jugement du diabolique. Le jugement contre l'immuabilité, contre les Lois, les dieux et l'immatérialité est enfin prononcé ; au nom d'un seul mot : Résurrection. La matérialité ne sera pas vaincue, nous dit alors l'Être-existant.
L'Esprit est de la matérialité et l'Esprit est une matérialité telle qu'il ne refuse pas même l'immatérialité si bon lui chante. Mais cette pensée choque tellement le bon sens de la raison que les hommes ont préféré construire un Dieu et une Vérité qui tient plutôt lieu d'un processus immatériel dominant le Tout et soumettant tous les « je suis » à son despotisme. C'est pourquoi ils ont imaginé le salut et tous les paradis comme des lieux d'immatérialité où la liberté du devenir n'est plus possible, ou au moins très minutieusement réglementée. La communion avec le Grand-Un sera ta consolation de ne plus exister en propre, nous disent-ils, etc.
C'est faux. Car l'individu peut devenir Autre que ce qu'il est. Il peut devenir autre que cette corporalité encore ici-bas soumise aux lois invisibles, et autre que cette incorporalité qui un jour sera jetée dans le monde des invisibles, des nirvanas, des paradis et autre shabbat. Il peut porter un autre nom. Il peut naître en tant que fils de l'homme, en tant qu'être-existant. Il peut littéralement devenir une autre race. Il peut regarder ses racines et son passé comme morts. C'est ce dont parle Chestov dans son « apothéose du déracinement ». L'homme doit être arraché de sa vigne et de son troupeau pour entrer dans cette réalité du Fils de l'homme ; là où le devenir est inhérent à l'être, là où l'« infini des possibles » EST sa nature. Kierkegaard n'a lui aussi cessé de le répéter : « La subjectivité est la vérité ; la subjectivité est la réalité. ». Le Christ l'a dit pareillement lorsqu'il affirme : « Je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. »
Dieu n'a donc aucun «besoin» de créer de la matière comme s'il devait combler son manque d'être immatériel. Mais je suppose toutefois qu'il aime engendrer. Or cet engendrement nous jette d'abord dans une matérialité en gestation — nous sommes encore soumis aux loi. Les uns, les fous, croient en la résurrection des corps et en un dieu qui se plaît à la vie et à sa corporalité. Les autres, les sages, n'y croient pas et préfèrent les invisibles et les dieux immatériels enfin libérés des souffrances de la gestation. Bien sûr, ils ne veulent pas comprendre que la souffrance d'être désincarné est mille fois pire que celle de la gestation.
Pour ces Derniers, en effet, « l'homme a été créé à l'image de dieu », c'est-à-dire qu'il est un objet fabriqué qui doit obéir au processus invisible de la loi. Mais pour les Premiers, les fils de l'homme, Dieu ne crée pas, il engendre, il fait naître. Pour eux, « être créé à l'image de Dieu » est un enfer, et le salut consiste au fait que Dieu a choisi librement, non par obligation, de m'engendrer. Il faut donc choisir entre être une « créature » et être un « fils » en somme. Entre être un objet ou un sujet ; entre être la cible d'une considération objective de la vérité, ou être comme son Père ; un être en devenir, mais qui un jour ne subira plus l'opprobre des invisibles et pourra enfin être ce qu'il veut être. Le Père nous a ouvert ce chemin lorsqu'Il devint le Christ.
bien à vous, ivsan
Nom ou pseudo :
Adresse email :
Site web (facultatif) :
Commentaire :
Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.
8 + 7 =
N’oubliez pas de répondre à l’anti-spam avant l’envoi pour éviter un filtrage automatique de votre commentaire
S’abonner aux dernières mises en ligne